L’incroyable histoire de Kathrine Switzer à découvrir ou redécouvrir

L’héroïsme de Kathrine Switzer lors du Marathon de Boston de 1967 a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la course à pied féminine, un exploit audacieux dans un monde où la participation des femmes aux marathons était strictement interdite.

La détermination de Kathrine Switzer face aux obstacles de 1967

En 1967, une image mémorable immortalise un moment de courage audacieux qui défie les normes sociales de l’époque. Souvent classée parmi les « 100 photos qui ont changé le monde », cette photographie illustre Kathrine Switzer, portant fièrement le dossard numéro 261, poursuivant sa course malgré l’agression de Jock Semple, le directeur de course furieux. Ce geste symbolique ouvre une nouvelle ère pour la participation féminine aux marathons.

Une époque de restrictions pour les femmes

Remontons à 1967, où Kathrine Switzer, étudiante en journalisme à l’Université de Syracuse, décide de s’attaquer à un obstacle de taille que rencontrent les femmes dans le sport : l’interdiction de participer à des compétitions de longue distance. Ayant commencé la course à pied à l’âge de douze ans pour améliorer sa condition physique dans l’équipe de hockey sur gazon, elle est bien consciente que les femmes ne disposent pas du même droit de compétition que les hommes, un principe discriminatoire en vigueur depuis les Jeux Olympiques d’Amsterdam de 1928. On prétendait, à tort, qu’une telle activité pourrait nuire à leur physiologie.

Des pionnières bravant l’interdit

Dans les années 60, des femmes audacieuses choisissent de défier ces interdictions en participant secrètement à des courses hors stade. Roberta « Bobbi » Gibb est l’une d’elles ; elle achève, clandestinement, le Marathon de Boston 1966, sautant d’un buisson pour se joindre à la course officielle. Switzer, motivée par le succès de Gibb, nourrit alors le rêve de marcher dans ses pas et s’entraîne intensivement, galvanisée par l’exemple de son petit ami Tom Miller, qui avait précédemment participé à cette course.

Une ouverture juridique inattendue

Découvrant une faille dans le système qui ne stipule pas explicitement l’interdiction pour les femmes de s’inscrire au Marathon de Boston, Kathrine Switzer s’enregistre sous les initiales « K.V. Switzer », un stratagème qui lui permet de participer officiellement à la course. Elle devient ainsi la première femme à contourner cette règle implicite pour s’inscrire à l’événement.

Affirmer sa présence féminine

Le 19 avril 1967, le départ du marathon est donné sous des conditions météorologiques difficiles. Kathrine Switzer, résolue à prouver sa ténacité, arbore fièrement un rouge à lèvres et un vernis à ongles malgré le temps froid et pluvieux. Encouragée par Tom Miller et Arnie Briggs, elle s’élance sur le parcours, déterminée à défendre sa position.

Une intervention dramatique

Tout se déroule sans heurts jusqu’à ce que les membres de la presse remarquent sa présence inhabituelle. Visiblement choqué, Jock Semple, transporté par la colère, bondit de sa voiture pour tenter de l’arrêter. Switzer se souvient de la confrontation terrifiante, écrivant dans son livre « Marathon Woman » comment elle a résisté à cette intimidation. L’intervention décisive de Tom Miller, repoussant Semple, permet finalement à Switzer de poursuivre sa course.

Vers une reconnaissance olympique

En dépit des tentatives de disqualification, le courage de Switzer lors de ce marathon pave la voie pour l’intégration des femmes dans la course à pied. Son exploit inspire l’organisation d’événements exclusivement féminins, comme un 10 km à New York en 1972. En 1981, l’essor des courses féminines conduit le Comité International Olympique à reconnaître officiellement le marathon féminin aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.

Un héritage durable et une réconciliation

Kathrine Switzer continue de laisser sa marque dans le monde du marathon. En 2017, elle participe pour la neuvième fois au Marathon de Boston, entourée de milliers de femmes qui, comme elle, portent le symbole emblématique du dossard 261. En étant capable de pardonner à Jock Semple et de devenir amie avec lui par la suite, Switzer montre que sa passion pour le sport transcende les conflits du passé. Ainsi, elle reste une figure emblématique et respectée de l’égalité dans le sport.