Débat sur le public de Roland-Garros

Critiqué par une partie, tout en étant valorisé par une autre, le comportement du public de Roland-Garros suscite beaucoup de débats depuis le début du tournoi.

Les doubles fautes acclamées telles des triomphes, des applaudissements suivant un service initial raté et des huées marquant le mécontentement, voici quelques-unes des manières pour le public de la Porte d’Auteuil d’intimider les rivaux des tennismen français. David Goffin a ressenti cette pression de plein fouet lors de sa rencontre contre Giovanni Mpetshi Perricard sur le terrain numéro 14. Ce climat n’a pas du tout été du goût du joueur belge : « C’est vraiment exagéré, cela représente un manque de respect absolu. Cela va beaucoup trop loin. On dirait qu’on est passé au football, il ne manquerait plus que les fumigènes, les hooligans et les bagarres dans les gradins. Cela devient grotesque. Certains semblent venir juste pour semer le chaos plutôt que pour vraiment soutenir. Aujourd’hui, quelqu’un a même été jusqu’à me cracher son chewing-gum dessus. C’est devenu invivable. » Goffin souligne aussi que cet avis est largement partagé : « Beaucoup se plaignent. C’est ce qu’on entend dans les vestiaires et au sein de l’ATP. Je crois que cela n’arrive qu’en France. À Wimbledon, ce n’est pas le cas. En Australie non plus. L’US Open est relativement calme. Ici, l’ambiance est délétère ». Taylor Fritz, également mal reçu par les spectateurs parisiens l’année précédente face à Arthur Rinderknech, a abondé dans le sens de Goffin, déclarant vouloir au moins le respect nécessaire pour effectuer son second service sans être perturbé.

Shelton et Sonego voient les choses différemment

Néanmoins, d’autres compétiteurs étrangers ayant eux aussi affronté des Français soutenus du début à la fin par le public ont exprimé une perspective différente. Ben Shelton, qui a joué contre Hugo Gaston toujours sur le court 14, s’est exclamé : « L’ambiance était absolument magique. C’était la première fois que j’assistais à un match avec un orchestre présent sur le terrain. C’était vraiment extraordinaire. Ce genre d’ambiance me plaît énormément ». Quant à Lorenzo Sonego, victorieux contre Ugo Humbert sur le terrain Suzanne-Lenglen, il a affirmé apprécier l’atmosphère, n’ayant pas été dérangé par la foule. Tomas Martin Etcheverry, après sa victoire contre Arthur Cazaux dans une atmosphère survoltée sous le toit fermé du Suzanne-Lenglen, n’a pas critiqué le public français : « C’est toujours compliqué ici, en France. J’ai souvent joué contre des Français et leur support est compréhensible. J’ai vécu la même chose au Chili ou au Brésil. »

Un avantage pour les joueurs français

Portés par leur public, la plupart des joueurs français voient dans ce type de soutien un avantage indéniable. Si Fritz avait décrit sa précédente expérience sur le court Suzanne-Lenglen comme cauchemardesque, Arthur Rinderknech quant à lui avait expliqué avoir vécu « la plus incroyable ambiance de sa vie ». « Naturellement, cela te porte dans le match. Tu gagnes en énergie positive et en adrénaline. Lorsque tu es empli d’adrénaline, tu te sens plus conquérant, tu as un surcroît d’énergie, c’est remarquable », a exprimé Gaël Monfils, suite à son match. Interrogé sur cette atmosphère jugée irrespectueuse par certains après sa rencontre face à Nicolas Jary, Corentin Moutet a aussi donné son avis sur l’ambiance du court Simonne-Mathieu : « Difficile de dire si c’était irrespectueux, ou si j’ai apprécié, ça serait exagéré. Mais je peux dire qu’ils étaient clairement derrière moi, et ils ont même applaudi mon adversaire à son entrée. Au Chili, j’ai été sifflé du début à la fin dès mon arrivée. Il y a toujours une ligne fine entre soutenir et respecter. C’est donc toujours délicat. » Avant ce tournoi, Alizé Cornet avait offert une perspective modérée sur un public qu’elle connaît bien depuis près de vingt ans : « Le public de Roland-Garros est exigeant. J’ai connu de grands moments d’isolement sur les terrains tout comme de grandes joies (…) C’est un public qui ne manque jamais une occasion d’exprimer son mécontentement ou son avis. »

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