L’ancien responsable de la commission des sanctions au sein de l’Agence française de lutte contre le dopage, Rémi Keller, a vivement critiqué la clémence de l’Agence Mondiale Antidopage concernant l’affaire des nageurs chinois ayant été contrôlés positifs à la trimétazidine. Ceci d’autant plus que certains d’entre eux ont performé de manière remarquable à Paris.
L’épisode concernant les 23 nageurs chinois qui ont été testés positifs à un produit dopant lors d’un entraînement en janvier 2021 et blanchis secrètement avant les Jeux de Tokyo continue de susciter des discussions. Cette affaire est d’autant plus retentissante que 11 de ces nageurs ont participé aux Jeux Olympiques à Paris cet été, y compris des athlètes remarquables comme Zhang Yufei, qui est rentrée avec six médailles, et Yang Yunxuan, qui a collecté quatre médailles grâce aux relais.
L’attention a également été accentuée par la prouesse impressionnante de Pan Zhanle. Bien qu’il ne soit pas impliqué parmi les nageurs concernés, ce spécialiste du sprint a battu le record mondial du 100 mètres, soulevant ainsi une grande suspicion. Les déclarations de Rémi Keller, ex-président de la commission des sanctions de l’Agence française de lutte contre le dopage, ajoutent de l’huile sur le feu.
« Le plus grand scandale jamais rencontré »
« Cet événement représente le plus grand scandale de non-respect des règles antidopage jamais observé, a-t-il révélé lors d’une interview avec L’Equipe. La première irrégularité réside dans l’enquête, ou prétendue enquête, qui n’a pas été menée par l’Agence antidopage chinoise, mais par le ministère chinois de la Sécurité publique. Toutefois, le code mondial antidopage stipule que les organismes de lutte contre le dopage doivent être totalement indépendants des autorités gouvernementales. »
« C’est donc ce ministère qui a affirmé qu’il y avait eu contamination par la trimétazidine, un médicament, parce que les nageurs résidaient dans le même hôtel. Ce médicament aurait été retrouvé dans les épices et les systèmes d’extraction de la cuisine, provoquant la contamination des athlètes, a-t-il poursuivi. Or, cette substance n’est pas présente naturellement, étant un médicament. Pour qu’elle se disperse ainsi, quelqu’un, un nageur ou un cuisinier, aurait dû l’employer intentionnellement. Une explication très peu logique. »
« L’agence chinoise a également bafoué les procédures d’une manière inédite, a-t-il ajouté. Elle aurait dû informer les nageurs de l’infraction potentielle, ne l’a pas fait, ni convoqué d’audience avec eux, ni imposé une suspension, bien que le code mondial l’exige pour ce type de substances, avec la possibilité de lever cette sanction après une audience si elle est jugée injustifiée. Sur ce sujet, l’agence mondiale a fourni des informations fausses sur son site en soutenant que le code mondial permettait de ne pas suspendre immédiatement. Pour une agence qui prétend sauvegarder scrupuleusement les règles, c’est très préoccupant. »