Philippe Lucas, le célèbre entraîneur de Laure Manaudou, a certainement été grandement affecté par le départ de sa nageuse vedette en 2007.
Florent Manaudou, animé par l’ambition de suivre les traces de sa sœur, aurait pu, adolescent, rejoindre Philippe Lucas. Cependant, malgré la victoire olympique de Laure Manaudou à Athènes, le jeune nageur, déterminé à arrêter l’école pour se consacrer à la natation, a choisi de refuser cette opportunité. «Je ne voulais pas nécessairement aller avec Philippe, car c’est très exigeant,» a-t-il déclaré, avant d’ajouter : «C’est dur. C’est vraiment dur. Mais ça ne dure pas longtemps. J’aime beaucoup Philippe et ce qu’il a accompli avec ma sœur est tout simplement incroyable. Mais après trois ou quatre ans avec lui, on est épuisé,» a-t-il observé. «Tous les nageurs arrêtent à 25 ou 26 ans car ils ne sont pas heureux.»
Un exemple parlant de cette dure réalité est Laure Manaudou elle-même. Cette native de Villeurbanne n’avait que 14 ans lorsqu’elle rejoint le groupe de Philippe Lucas à Melun. Trois ans plus tard, elle devient championne olympique en remportant le 400 mètres nage libre à Athènes, offrant la première médaille d’or à la natation française depuis plus d’un demi-siècle et ouvrant ainsi la voie aux autres nageurs français.
Philippe Lucas, trop exigeant pour Laure Manaudou
Trois ans après son triomphe en Grèce, Laure Manaudou rafle cinq médailles aux championnats du monde de Melbourne, dont les titres du 400 mètres et 200 mètres nage libre. Elle est désignée meilleure nageuse de l’événement aux côtés de l’Américain Michael Phelps. Cependant, deux mois plus tard, elle décide de quitter Philippe Lucas pour s’entraîner en Italie, désireuse de se rapprocher de son petit ami, le nageur italien Luca Marin. «Entre l’Italie et la France, je choisis Luca, l’amour de ma vie,» confie-t-elle.
Quelques jours plus tard, elle avoue à la presse italienne qu’elle ne «supportait plus physiquement les entraînements» de Philippe Lucas. «Laure part parce qu’elle veut moins travailler. Elle fuit le travail,» rétorque son entraîneur français. La rupture est consommée, et lorsque la championne olympique revient en France trois mois après son départ fracassant pour l’Italie, elle se tourne vers son frère Nicolas et son premier club à Ambérieu-en-Bugey, plutôt que vers Philippe Lucas.
Regrets mutuels
Laure Manaudou exprimera ses regrets après sa carrière. «J’aurais pu être championne olympique plusieurs fois,» confie-t-elle peu après avoir annoncé sa retraite en 2013. «Philippe est le meilleur, aussi bien sportivement que sur le plan relationnel. Si j’avais continué avec lui jusqu’à Pékin, j’en suis convaincue, j’aurais été plusieurs fois championne olympique. Mais mentalement, je ne pouvais pas continuer. C’était le moment où je passais de l’adolescence à l’âge adulte,» renchérit-elle deux ans plus tard.
Ces regrets sont partagés par Philippe Lucas. «Je savais que sa relation avec Luca était dangereuse, car un entraîneur peut tout gérer, sauf les histoires de cœur,» se souvient-il. «À ce moment-là, elle avait vingt ans, c’était son premier véritable petit ami. Il n’était pas fait pour elle, je le savais, mais lorsqu’elle était amoureuse, c’était difficile de la raisonner,» explique-t-il, ajoutant : «On peut penser que c’était du gâchis.» Malgré l’affection qu’il a pour elle, Philippe Lucas exprime également des critiques acerbes à son égard.
«Sur trois Jeux Olympiques, elle n’en a réussi qu’un seul. Le reste de sa carrière est une catastrophe. Si on analyse sa carrière, elle commence en fanfare. Elle est la meilleure nageuse du monde. Mais après, cela devient compliqué,» dit-il, sans mâcher ses mots.