Léon Marchand est un jeune prodige dont l’ascension vers l’or aux Jeux Olympiques de Paris était attendue avec impatience. Le nageur français n’a pas déçu, réalisant une performance mémorable, marquée par quatre titres individuels.
Bob Bowman, son entraîneur, aux côtés du Français Nicolas Castel, a de nouveau prouvé son talent. Cependant, selon le légendaire coach américain, le plus difficile commence maintenant. En effet, une grande transformation attend Léon Marchand après ces JO.
« C’est tellement triste »
« Je ne lui ai pas beaucoup parlé de tout ça ces derniers mois, je suis resté intentionnellement évasif sur les émotions, la signification que pourraient avoir des victoires aux Jeux, a confié Bob Bowman à L’Equipe à la veille de la cérémonie d’ouverture, dans des propos publiés ce week-end. Toute l’année, j’ai veillé à structurer factuellement son parcours, à lui permettre de se concentrer sur ce qu’il pouvait contrôler, pour libérer son esprit. Mais je savais déjà qu’il allait perdre quelque chose. Mon rôle était de l’amener à cette perte. D’une certaine manière, c’est vraiment triste. Maintenant, Léon ne s’appartiendra plus tout à fait, les gens vont s’emparer de lui, lui retirer son insouciance et le simple plaisir de nager. »
La natation française a vu passer des étoiles filantes comme Laure Manaudou et Yannick Agnel, héros d’une édition des Jeux Olympiques, mais dont la suite de la carrière n’a pas toujours été à la hauteur des attentes. Il faut savoir digérer le changement de statut, gérer une nouvelle célébrité, et surtout garder la motivation pour les nombreuses heures et kilomètres d’entraînement nécessaires.
Comment rester motivé ?
Bob Bowman sera donc très vigilant sur la suite des événements, et n’est pas vraiment favorable à l’idée de Léon Marchand de rester à Toulouse, en France, jusqu’en décembre, plutôt que de retourner aux États-Unis. « C’est le plan. Même si rester en France aussi longtemps avec son nouveau statut risque d’être compliqué, confie le coach américain, ce dimanche dans L’Equipe. L’attention portée sur lui peut rapidement l’épuiser. Je veux dire, c’est formidable, mais c’est trop ! Ce sera plus serein au Texas. L’avantage, c’est que je suis mieux préparé pour le guider dans cette nouvelle dimension que je ne l’étais pour Michael (Phelps). » En effet, même Michael Phelps, le plus grand olympien de l’histoire, a traversé des périodes sombres sur le plan personnel.
Pour Bob Bowman, l’objectif est de maintenir Léon Marchand au plus haut niveau pendant le prochain cycle olympique, en lui trouvant de nouveaux défis pour les années à venir. « Je me projette vraiment sur Los Angeles, chaque année à venir sera une étape vers les Jeux de 2028. La saison prochaine, il va se mesurer à de nouvelles épreuves, promet le coach américain. Quand on voit le record universitaire qu’il a établi sur 500 yards (4’2»31)… Cette distance est liée au 200m, nous allons donc passer du temps à travailler sur le crawl. »