William Servat et la réévaluation des traditions conviviales dans le rugby français
Le rôle de William Servat au sein du XV de France
Depuis la nomination de Fabien Galthié à la tête de l’équipe nationale de rugby en 2019, William Servat, entraîneur adjoint, a su se démarquer par sa contribution à la dynamique collective de l’équipe. Il a organisé diverses activités axées sur la détente et la convivialité, renforçant ainsi l’esprit d’équipe parmi les joueurs.
Cependant, une affaire troublante, l’affaire Auradou-Jegou, a récemment mis en lumière certaines pratiques problématiques du monde du rugby, souvent même à des niveaux très élevés au sein du XV de France. Cette affaire a surgi à la suite d’accusations de viol à Mendoza en juillet dernier. Bien que cette accusation ait été rejetée suite à un non-lieu en décembre, l’appel de la plaignante sera entendu en février prochain.
Les défis actuels pour William Servat
À peine quelques mois après cet incident, William Servat, ancien talonneur à la carrière renommée avec 49 sélections dans l’équipe de France, se trouve au cœur de l’attention. Ses supérieurs lui ont demandé de reconsidérer la manière dont il organise les “soirées de décompression” et d’envisager un nouveau cadre de convivialité pour l’équipe.
Jean-Marc Lhermet, vice-président de la Fédération française de rugby, a mis en avant l’importance de Servat au sein du groupe, en précisant qu’il a toujours agi ouvertement avec ses joueurs. Lhermet a déclaré que le rôle de William est crucial, en raison de la relation de proximité qu’il a su établir avec les joueurs, tout en soulignant que ses responsabilités, comme celles d’autres membres du staff, ont évolué.
Les tensions autour de la gestion des troisièmes mi-temps
L’affaire a mis en lumière les tensions qui existent sur la gestion des “troisièmes mi-temps” dans le milieu du rugby de haut niveau. Selon une personne proche de l’équipe, certains joueurs peuvent manquer de limites lors de ces soirées arrosées. “Il a été demandé à chacun d’éviter que ces moments ne dégénèrent”, a-t-il dit, en évoquant le rôle central que joue Servat dans ce contexte, ce qui a contribué à l’exposer aux critiques.
La vision traditionnelle de Servat sur le rugby
Néanmoins, William Servat reste fidèle à son approche du rugby, qui inclut les soirées festives comme éléments cruciaux pour la cohésion d’équipe. Avant la tournée de novembre, il déclarait que “ce ne sont pas des alcooliques et ils ne boivent pas en cachette”, insistant sur l’importance de ces instants de partage et de camaraderie pour le groupe. Ses propos faisaient écho à ses prises de position antérieures, notamment après l’incident de Mendoza, où il défendait la liberté accordée aux joueurs après une longue saison.
Un tournant dans la gestion des moments de convivialité
Néanmoins, cette tradition de “convivialité” semble appartenir au passé. Florian Grill, président de la FFR, a rappelé que ces soirées font partie intégrante de la culture de l’équipe depuis longtemps et qu’aucune règle n’a jamais été officiellement enfreinte. Cependant, à la Coupe du monde 2023, ces moments de détente ont parfois dégénéré, causant des incidents comme des altercations à la sortie d’une boîte de nuit à Aix-en-Provence. Après une élimination en quart de finale face à l’Afrique du Sud, l’atmosphère à l’intérieur de l’équipe était devenue un enjeu prioritaire, et Servat devait travailler à préserver l’harmonie entre les joueurs.
Émile Ntamack, ancien coéquipier et entraîneur de Servat, a défendu son ami en expliquant qu’il incarnait une image authentique du rugby, basée sur des valeurs simples et des moments de partage. Ntamack décrit Servat comme un “rugbyman du terroir”, ancré dans des principes solides. Pour Servat, “le rugby, c’est une célébration”.
Vers une nouvelle ère pour William Servat et l’équipe
Malgré cela, la vision traditionnelle du rugby portée par Servat pourrait devoir évoluer face à de nouvelles attentes. Ayant débuté sa carrière dans une équipe de France qui était en proie à des crises internes, Servat pourrait être contraint d’adapter son approche. Lors de la Coupe du monde 2011, un “moment de célébration” dans un contexte tendu avait permis de ressouder les liens dans l’équipe. Aujourd’hui, il devra peut-être trouver de nouvelles manières de renforcer l’unité au sein de l’équipe pour maintenir une cohésion précieuse.