Dans un contexte stratégique audacieux, Fabien Galthié opte à nouveau pour un banc majoritairement composé d’avants. Après une analyse approfondie des avantages et des risques inhérents à cette approche, le sélectionneur français renouvelle cette stratégie pour le match contre l’Irlande, encouragé par le succès de cette tactique face à l’Italie.
Une démonstration de force à Rome
Lors de la confrontation en Italie, cette stratégie a laissé une forte impression. En effet, à la 48ème minute du jeu, six avants français ont fait leur entrée, totalisant près de 700 kilos de force brute. Parmi ces nouveaux entrants figuraient Cyril Baille, Julien Marchand, Dorian Aldegheri, Romain Taofifenua, Oscar Jegou et Anthony Jelonch. Cette rotation massive a joué un rôle clé dans la nette victoire de la France (73-24), illustrant l’intérêt potentiel du modèle 7-1.
Cependant, cette initiative n’avait pas seulement pour objectif de dominer une équipe italienne déjà en difficulté. Il s’agissait aussi d’une répétition générale en préparation de la rencontre à Dublin, où la France compte bien exploiter ce qu’elle perçoit comme un point faible dans la gestion du banc irlandais.
Une stratégie confirmée, mais avec ses incertitudes
Après mûre réflexion, Galthié a décidé ce jeudi de maintenir ce schéma tactique, en effectuant toutefois quelques ajustements. Ainsi, Emmanuel Meafou et Hugo Auradou remplacent Romain Taofifenua et Alexandre Roumat.
Selon Patrick Arlettaz, entraîneur des arrières de l’équipe de France, « La stratégie a prouvé son efficacité en Italie», notamment par l’impact immédiat de l’entrée des avants qui a facilité des essais, tels ceux de Louis Bielle-Biarrey et Antoine Dupont. Néanmoins, il précise : « La rencontre en Irlande sera d’une nature différente. Il faut évaluer les risques par rapport aux bénéfices.»
L’Irlande présente un défi considérable avec une paire de centres très imposante, composée de Bundee Aki (102 kg) et Rob Henshaw (99 kg), sans oublier James Lowe (101 kg), très dangereux dans les duels aériens. De plus, un critique aspect mentionné par Arlettaz est la possibilité de recevoir un carton rouge, comme ce fut le cas lors du Tournoi de l’année précédente.
Un pari audacieux mais maîtrisé
Le principal souci d’un banc déséquilibré vers les avants est la réorganisation inévitable de la ligne arrière en cas de blessure. Selon l’équipe, « Ntamack pourrait passer au centre, Dupont à l’ouverture et Bielle-Biarrey en position d’arrière… Il existe une réelle polyvalence. Le seul bémol, c’est le changement de poste des joueurs, ce qui peut être déstabilisant. »
Néanmoins, Galthié et son équipe estiment indispensable ce pari pour concurrencer l’Irlande, qui tend à intégrer ses avants plus tardivement dans le match, souvent autour de la 60ème minute. À l’inverse, la France déploie ses forces plus tôt, vers la 50ème minute, pour instaurer immédiatement une intensité physique élevée durant la seconde moitié de la partie.
Anthony Jelonch, après le match contre l’Italie, a noté que « ceux qui débutaient savaient qu’ils devaient donner leur maximum pendant 50 minutes ». Le schéma 7-1 vise à maintenir une intensité compétitive élevée, en s’appuyant sur des joueurs puissants tels que Julien Marchand, Cyril Baille, Dorian Aldegheri et Emmanuel Meafou.
Réflexions sur l’approche sud-africaine
Les Springboks avaient adopté une stratégie similaire lors de leur rencontre de phase de groupes du Mondial 2023 face à l’Irlande. Bien qu’ils aient concédé une courte défaite (8-13), leur supériorité physique avait mis à mal l’équipe irlandaise, leur échec résultant davantage de l’inefficacité de Manie Libbok dans ses tirs au but qu’une faiblesse de stratégie.
Convaincu que l’épreuve physique et la profondeur du banc tricolore peuvent s’avérer fructueuses face à l’Irlande, Galthié souhaite renouveler cette expérience. Cet audacieux pari révélera toute sa pertinence sur le terrain de Dublin.