Nouveau format de la Champions Cup : l’EPCR va-t-elle dans le mur ?

Introduction : La Champions Cup et la Challenge Cup entre succès populaire et questionnements

Les phases de poules des Champions Cup et Challenge Cup ont récemment captivé l’attention des amateurs de rugby grâce à leur succès retentissant : stades remplis à craquer, sommets d’audience impressionnants et une pluie d’essais spectaculaire. Toutefois, cette réussite apparente masque une évolution de la compétition, éloignée de ses débuts en tant qu’H-Cup, suscitant désormais des débats sur sa formule actuelle.

Performances sur le terrain et intérêt croissant du public

Midi Olympique nous informe que les statistiques sont parlantes : 613 essais ont été inscrits en seulement 84 matchs, ce qui équivaut en moyenne à plus de sept essais par partie. Ce chiffre illustre un rugby axé sur l’offensive, largement encouragé par l’introduction de nouvelles règles favorisant un jeu plus rapide et vibrant.

Les supporters ont répondu présents avec ferveur, rassemblant plus d’un million de spectateurs dans les stades et atteignant des records d’audience, à l’image des 2,7 millions de téléspectateurs en France pendant les phases de poules. L’attrait de ces compétitions s’est également ressenti dans le domaine numérique, avec une augmentation de 70 % du trafic sur les sites de l’EPCR.

Des rencontres telles que celles entre le Stade Toulousain et l’Ulster ou entre le RC Toulon et les Glasgow Warriors ont retenu l’attention. Ces affrontements spectaculaires, accompagnés de prestations de grande qualité, ont suscité un enthousiasme marqué, notamment auprès des familles présentes dans les tribunes ou devant leur télévision. Cette popularité grandissante pourrait-elle contribuer à attirer de nouveaux adeptes et élargir la base du rugby ?

Les failles d’une compétition déséquilibrée

Cependant, derrière ce succès a néanmoins émergé une réalité moins brillante. De nombreux matchs ont été caractérisés par des écarts de points significatifs, avec 23 rencontres sur 48 où cet écart dépassait les 20 points. Cette tendance à des résultats prévisibles a diminué le suspense au cours de la phase de poules, surprenant même Antoine Dupont, le capitaine du Stade Toulousain, face aux scores souvent très déséquilibrés.

Ce déséquilibre entre certaines équipes met en avant les problèmes structurels de la compétition. La crise que traversent le rugby anglais et gallois, combinée aux difficultés des provinces sud-africaines, a abouti à un contexte où les clubs les plus dominants écrasent leurs adversaires. Les déplacements difficilement gérables en Afrique du Sud sont souvent vus comme un obstacle supplémentaire, accentuant la perception d’une compétition à sens unique et alimentant les interrogations sur la légitimité de ce format moderne.

Réflexion autour du format actuel

Face à ces critiques, l’EPCR justifie le choix de son format. L’organisation souligne que le système précédent, qui favorisait les clubs les mieux classés dans des poules jugées plus accommodantes, était critiqué pour son manque d’équité. Le tirage au sort actuel, plus aléatoire, vise à offrir une compétition plus ouverte et moins prévisible.

À l’occasion de la 30e édition de la Champions Cup, l’EPCR se trouve à un carrefour. Si le spectacle continue de séduire, un équilibre entre un jeu offensif attrayant et une compétitivité accrue s’avère nécessaire. Les records d’audience révèlent un engouement croissant pour cette version moderne du rugby, mais l’enjeu consiste à déterminer si ce format peut perdurer sans ajustements. La quête d’un format idéal reste donc ouverte.