Un an après que Jannik Sinner, actuellement numéro 1 mondial, ait été testé positif à un anabolisant, Karen Moorhouse, la directrice générale de l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (Itia), affirme à l’AFP qu’elle est « très à l’aise » avec la gestion de cette situation, bien qu’elle ait été critiquée.
Critiques et communication de l’Itia
Plusieurs mois sont passés entre les résultats positifs des tests de Jannik Sinner et d’Iga Swiatek et leur annonce par l’Itia, ce qui a été critiqué par certains joueurs. Y a-t-il une intention de changer la communication à ce sujet ?
« Nous nous efforçons toujours d’être aussi transparents que possible tout en respectant les règles. Les discussions autour de l’affaire Sinner ont peut-être révélé une mauvaise compréhension de nos procédures concernant l’annonce des tests positifs et des suspensions provisoires. Beaucoup ont pensé à tort que nous faisions part des contrôles positifs, alors qu’il s’agissait en fait de communiquer sur les suspensions provisoires. Dans tous les cas, les règles ont été observées : les joueurs ont eu dix jours pour faire appel de leur suspension provisoire comme le prévoit notre réglementation. Et comme leur appel a été positif, les suspensions n’ont pas été rendues publiques. Si nous avions agi différemment, nous aurions enfreint nos propres règles. »
Les règlements actuels pourraient-ils changer face à ces cas ?
« Ces affaires ont suscité des discussions constructives. Trouver le bon équilibre entre la transparence d’un test positif et la confidentialité nécessaire pour mener une enquête approfondie est complexe. Certains sports, comme l’athlétisme, choisissent d’annoncer tout de suite les suspensions provisoires. D’autres, notamment les sports d’équipe, préfèrent garder le silence jusqu’à l’audition du sportif concerné. Le tennis a opté pour une solution intermédiaire avec la règle des dix jours : si l’appel est déposé dans ce délai et réussit, cela n’est pas divulgué. Cette règle est néanmoins sujette à révision. »
Y a-t-il un travail en cours pour revoir ces règles ?
« Cet aspect sera étudié avec la communauté tennistique. Les avis sont partagés, mais lorsqu’un cas se présente, nous appliquons les règles existantes à ce moment-là. Je suis donc en adéquation avec la gestion de l’affaire Sinner. C’est une bonne chose que ce cas ait permis de débattre sur la pertinence ou l’évolution nécessaire des règles. »
L’Itia a-t-elle accepté les explications de Jannik Sinner concernant sa contamination au clostébol via un massage de son entourage. Allez-vous envisager des sanctions contre les membres de l’entourage à l’avenir ?
« Nos réglementations s’appuient sur le Code mondial antidopage, identifiant diverses infractions que l’entourage d’un joueur – médecin, entraîneur, agent – peut commettre. Cependant, la plupart de ces infractions requièrent une intention. Dans le cas de Sinner, l’analyse juridique ne trouvait pas de fondement pour poursuivre qui que ce soit de son entourage. Il n’y avait aucun manquement aux règles antidopage du tennis. Dans le cadre de nos formations, nous nous appliquons à rendre ces dernières accessibles à l’entourage des joueurs. »
Iga Swiatek et Simona Halep, toutes deux anciennes numéro 1 mondiales, ont été testées positives à une substance interdite à deux ans d’écart et ont reçu des sanctions différentes (1 mois de suspension pour Swiatek contre quatre ans, ramenés à neuf mois en appel, pour Halep). Comment interpréter cette « différence de traitement » mentionnée par Halep ?
« Dans le cas d’Iga Swiatek, le positif provenait d’un médicament contaminé, rendant sa responsabilité très limitée, justifiant ainsi une suspension d’un mois. »
« Le dossier Halep est très complexe, mais le Tribunal arbitral du sport (TAS) a reconnu que sa positivité provenait d’un complément contaminé. Pour déterminer le niveau de sa responsabilité, ils ont évalué la nature du produit – qui n’était pas un médicament – et les précautions que la joueuse avait prises pour atténuer le risque de contamination. En tenant compte de ces éléments, le TAS a décidé d’une suspension de neuf mois. Toutes les décisions antidopage reposent sur la nature de la substance en cause et les mesures prises par le joueur pour éviter la contamination. »