Derniers instants pour Gabin Lorre sous les couleurs biterroises ce vendredi soir. Pas d’enjeu sportif face à Brive, mais l’émotion sera bel et bien sur le terrain. À 23 ans, l’arrière voltigeur de l’ASBH s’apprête à clore un chapitre fort en émotions pour plonger dans l’élite avec Lyon et découvrir enfin les joies du Top 14.
Un adieu qui ne se passe pas comme prévu
Il aurait aimé tirer sa révérence avec éclat, offrir un dernier feu d’artifice à Raoul-Barrière. Hélas, le rêve s’est envolé à Montauban avec une défaite cuisante (42-17), laissant Béziers hors course après 29 journées pourtant passées dans le top 6. Un dernier acte amer, partagé par ses coéquipiers qui voient leur aventure se finir aussi.
Mais Lorre, jamais du genre à baisser la tête, voit plus loin. La suite s’annonce grandiose : une grande première dans le monde fermé du Top 14. Avec des rêves plein la tête, il confie : « Je pense avoir fait mon bout de chemin, modestement, en Pro D2. J’ai envie de voir ce dont je suis capable. C’est la première fois que je pars si loin de mon territoire… J’ai hâte », confie-t-il au Midi Libre.
Un avenir à Lyon
L’opportunité lyonnaise n’est pas arrivée par hasard. Bien que lié à Béziers jusqu’en 2027, une clause de sortie payante a facilité son départ. Béziers, dans un flou malgré des projets de reprise audacieux, y voit une compensation bienvenue.
Originaire du coin, Lorre connaît les déceptions depuis longtemps. Repéré tôt, il intègre le lycée Jean-Mermoz, pépinière du MHR, mais il tape rapidement un mur : les standards physiques du rugby moderne sont intraitables.
« À l’époque de White, le club avait pas mal de gros gabarits, même dans les petites catégories. Je n’étais pas dans les clous, même si je m’en sortais techniquement », se remémore-t-il. Ses mensurations, trop légères, freinent son ascension vers le professionnalisme classique.
Un parcours atypique mais réussi
Il atterrit finalement à l’ASBH avec les crabos. « Même si on n’a pas de parcours rectiligne, on est capable d’avoir un contrat pro derrière », clame-t-il avec fierté. Une trajectoire tracée grâce à sa détermination, bien éloignée des sentiers battus.
Avec trente essais en deux saisons, et une aisance à faire vibrer aussi bien les enceintes que les défenses, Lorre n’a laissé personne indifférent à Béziers. Et même si la mélancolie pointe cette semaine, il garde le regard fixé sur l’avenir.
« L’amour du ballon ovale, une fois que t’es pris dedans, tu ne peux plus en sortir. Même à 80 ans, je parlerai et regarderai du rugby », promet-il avec passion.
Le Top 14 l’appelle, et derrière lui, Béziers sait qu’il a vu grandir un joueur aussi brillant qu’ancré dans ses racines.