Les défis financiers des joueurs blessés : entre club et sélection nationale
Un coup dur pour le capitaine : consquences d’une blessure majeure
Antoine Dupont, capitaine du Stade Toulousain et pilier du XV de France, devra rester éloigné des terrains pendant une longue période après avoir subi une blessure majeure au genou lors du Tournoi des 6 Nations, en Irlande, le 8 mars dernier. Cet incident représente un véritable accident de travail qui met en lumière des interrogations sur le maintien des salaires des joueurs pendant leur période de convalescence.
Le rôle de la Sécurité sociale et des clubs
La question de savoir qui prend en charge le salaire des joueurs lorsqu’ils sont blessés est complexe. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Sécurité sociale n’assume pas seule cette responsabilité. En effet, elle augmente les cotisations des employeurs pour compenser une partie de cette charge dans les années qui suivent. Comme pour tout salarié en arrêt maladie, la Sécurité sociale intervient jusqu’à un certain montant, plafonné à 11 775 €. Cependant, le processus de versement peut s’étendre sur plusieurs mois, surtout lorsque le dossier est complexe. Pour pallier ces délais, les clubs pratiquent la subrogation, avançant les sommes avant d’être remboursés.
Complément de salaire et assurance collective
Les joueurs du Top 14 voient souvent leurs salaires mensuels moyens bien supérieurs aux indemnités versées par la Sécurité sociale. La Convention collective du rugby professionnel (CCRP) propose un complément de revenu qui permet de recevoir jusqu’à cinq fois le plafond de la Sécurité sociale, soit un montant maximal de 19 625 €. Ce système est financé par le joueur à hauteur de 42,5 % et par le club à 57,5 %, avec une cotisation qui ne dépasse pas 3,6 % du salaire. Les clubs peuvent également négocier de meilleurs taux avec les assureurs et offrir des couvertures supplémentaires. Certaines couvertures permettent de percevoir jusqu’à 12 fois le plafond de la Sécurité sociale, soit 47 100 €, entièrement financées par le joueur. Les clubs les plus avant-gardistes proposent même des couvertures sans plafonnement, afin que les joueurs plus âgés ou souvent blessés puissent souscrire à des assurances sans être pénalisés par leur parcours médical.
Défis pour la Fédération française de rugby
Les complications se multiplient lorsque la blessure survient lors de la participation des joueurs avec l’équipe nationale. Dans ces cas, c’est à la fédération de prendre le relais en termes d’assurances, plutôt qu’aux clubs. La Fédération française de rugby (FFR) est confrontée à un sérieux problème en ce moment. La situation financière délicate de la FFR a entraîné la perte de son assureur historique, la GMF, qui offrait une couverture bien plus avantageuse que les exigences minimales de World Rugby. Pour la saison actuelle, la FFR a dû se tourner vers HDI Global SE pour une couverture qui respecte la législation, mais qui n’offre pas les mêmes avantages qu’auparavant.
Cette situation est source de tensions au sein des clubs, surtout pour ceux qui ont de nombreux joueurs en sélection nationale. Alors que le rugby français continue de miser sur ses talents, la question de l’assurance des joueurs en cas de blessure reste un dossier épineux et en constante négociation.