Un départ inattendu dans le monde du rugby
Joe Marler se retire du rugby professionnel
En novembre 2024, la communauté du rugby mondial a été secouée par une annonce aussi soudaine qu’inespérée : Joe Marler, une des figures de proue du rugby anglais, décidait de mettre fin à sa carrière. À 34 ans, celui qui avait su se distinguer par son caractère unique et sa personnalité flamboyante, choisissait de raccrocher les crampons immédiatement.
Quelques mois après avoir pris cette décision radicale, l’ancien joueur des Harlequins a choisi de s’expliquer sur les raisons qui l’ont mené à un tel choix soudain.
Invité sur le podcast The Stick to Rugby, animé par Lawrence Dallaglio, l’ex-international n’a pas hésité à partager les raisons profondes de son retrait. « Ma principale motivation était de porter le maillot de l’Angleterre et de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour soutenir l’équipe. Cela ne signifie pas que je ne me donnais pas à fond pour les Quins, mais une fois la décision prise de ne plus rejoindre l’équipe nationale, mon enthousiasme pour les Harlequins a commencé à s’étioler », explique-t-il.
L’usure physique et mentale
Bien que son bilan sportif parle de lui-même – avec 95 sélections, trois victoires au Tournoi des Six Nations et deux titres de champion d’Angleterre – c’est l’épuisement à la fois physique et psychologique qui a eu raison de lui : « J’étais à bout. Je n’ai pas pu tenir le coup les mois suivants. Mon corps ne suivait plus, le jeu était devenu trop intense pour moi. Et mentalement, j’étais perdu. »
Ce n’est pas la première fois que Joe Marler partage ses réflexions sincères sur ses défis mentaux et les impacts des commotions répétées. Dès 2022, il avait déjà mis en garde contre les dangers des chocs crâniens.
Des blessures invisibles
Un souvenir particulièrement troublant reste gravé dans sa mémoire : « Je me rappelle avoir subi une commotion il y a quelques saisons – un choc violent en tentant de plaquer Billy Vunipola. J’étais groggy et mon seul souvenir est d’avoir vu le kiné entrer dans la pièce. Il y a eu un moment de pause où j’ai craqué. Je n’avais aucun souvenir de mes enfants, et cela m’a profondément effrayé. »
Derrière son allure de provocateur, le rugbyman connu pour son langage direct n’a jamais esquivé ses luttes intérieures. Dépression, anxiété, crises d’identité : Marler a traversé des périodes sombres tout au long d’une carrière menée sur les chapeaux de roues. « J’ai construit cette image de mâle alpha, d’homme dur que tout le monde connaît. Je me suis mis à provoquer, à prononcer des jurons. »
Néanmoins, cette façade a fini par se fissurer. Il a finalement consulté un psychiatre et a révélé avoir joué la Coupe du monde 2019 sous antidépresseurs, un secret bien gardé auprès de ses coéquipiers. « Le rugby reste un sport de machos, dominé par des mâles. Pourtant, il est crucial que la sensibilité ne soit plus un tabou. »
Un héritage pour la nouvelle génération
Joe Marler demeurera probablement comme l’une des personnalités les plus notables de sa génération, un joueur tenace sur le terrain mais doté d’une lucidité hors du commun. En quittant définitivement le rugby, il ne se retire pas seulement de sa carrière sportive : il ouvre également la voie à ceux qui, dans le rugby comme ailleurs, luttent pour trouver les mots afin d’exprimer leur douleur invisible.