Jean-Noël Spitzer : « Le maintien est dur, on dort mal sous pression »

Introduction

Dans cet entretien avec Jean-Noël Spitzer, le manager du RC Vannes partage ses réflexions profondes sur la progression de son équipe, les défis rencontrés en accédant au Top 14, ainsi que ses expériences personnelles en tant qu’entraîneur. Spitzer aborde avec une franchise remarquable les succès, les difficultés et les choix stratégiques qui façonnent le parcours du RC Vannes. Découvrez comment ce club breton a su naviguer dans cet environnement compétitif tout en restant ancré dans sa réalité économique et territoriale.

Une victoire mémorable en Pro D2

Jean-Noël Spitzer commence par revenir sur le triomphe de son équipe lors de la finale de la Pro D2 à Toulouse en juin dernier. Pour lui, ce titre n’est pas simplement une conclusion, mais plutôt un événement marquant. Remporter un championnat est un moment privilégié, surtout lorsqu’il s’accompagne d’une promotion au niveau supérieur. C’est une reconnaissance du travail acharné de l’équipe sur plusieurs saisons, notamment après avoir échoué trois fois de suite en demi-finale. Aller au bout de ce championnat respecté qu’est la Pro D2, particulièrement après ces échecs répétés, a été extrêmement gratifiant.

Les regrets et le passage au Top 14

Spitzer évoque également les regrets qui suivent ce succès. Il admet que, souvent dans la vie, il manque toujours un élément crucial : le temps. En quelques semaines, il faut s’adapter à un nouvel environnement sportif. L’écart entre le Pro D2 et le Top 14 ne peut être comblé instantanément, et sans expérience préalable, le défi est encore plus grand. Toutefois, malgré les prévisions pessimistes, Vannes a su surmonter l’hiver, déjouant les attentes de ceux qui pensaient qu’ils n’y parviendraient pas.

Un modèle économique unique et des défis persistants

L’ancien joueur insiste sur le fait que la position de Vannes au classement est surprenante. Historiquement, les clubs ayant récemment accédé, même ceux ayant déjà évolué en élite comme Perpignan ou Agen, n’ont pas réussi à s’établir de manière aussi stable. Ce qui distingue Vannes, c’est que le club fonctionne sans l’appui d’un mécène. Chaque euro dépensé est le fruit de revenus générés par le club, ce qui demande une gestion rigoureuse pour éviter les déficits financiers.

Prolonger l’aventure à Vannes et renforcer le club

Spitzer a choisi de prolonger son contrat avec le RC Vannes, convaincu que le club ne cesse de se projeter dans l’avenir. Il souligne que la montée en Top 14 ne devait pas être une finalité, d’autant plus que le risque de redescendre reste significatif. Les ambitions se portent sur le renforcement et la croissance du club, tant au niveau des infrastructures matérielles qu’organisationnelles.

Vannes est un club qui reflète l’identité de son territoire, la Bretagne, où le rugby connaît un développement conséquent avec 70 clubs aujourd’hui. Les efforts pour représenter ce territoire sont constants, et le club accueille chaque semaine soixante jeunes bretons pour s’aligner dans les équipes cadettes et juniors. Leur implication dans toutes les compétitions, y compris l’In Extenso Supersevens et le Challenge européen, témoigne de leur engagement à ne rien négliger.

L’entraînement : un parcours non planifié

Spitzer évoque son parcours inattendu dans le monde de l’entraînement. N’ayant pas été joueur professionnel, il a découvert le plaisir d’encadrer des équipes amateurs. Le destin a néanmoins mené Vannes à accéder au Pro D2 grâce à une génération exceptionnelle en 2015. Même s’il n’avait pas anticipé de carrière d’entraîneur professionnel, les circonstances l’ont guidé vers cette voie.

Malgré le fait qu’il se soit préparé longtemps en entraînant en Fédérale 1 et en obtenant les diplômes nécessaires, Spitzer reconnait qu’une fois entré dans le monde professionnel, il est compliqué de continuer à se former tout en restant à fond dans le projet en cours. Le manque de temps est un défi constant qu’il aborde avec réalisme.

La pression du maintien

La mission de maintenir le club en Pro D2 a été ressentie par Spitzer comme un immense défi, surtout lors des saisons difficiles où les défaites s’accumulaient. Entre le Pro D2 et la Fédérale 1, l’écart était significatif, et les enjeux impactaient lourdement le centre de formation. Le maintien est donc un moment critique, une véritable épreuve de pression et de stress, pour éviter une descente qui aurait pu signifier des changements drastiques pour le club dans son ensemble. Il conclut que ces périodes étaient parmi les plus difficiles de sa carrière, mettant en lumière toute la complexité et l’intensité de la gestion d’un club à ce niveau.