Le différend financier entre la Ligue de football professionnel (LFP) et le diffuseur DAZN concernant le versement d’une tranche de 35 millions d’euros pour les droits télévisés ne trouvera pas de solution avant le 28 février. Ce délai est jugé trop long par les clubs qui éprouvent des difficultés financières.
Prolongement de la bataille judiciaire
La lutte légale continue de plus belle. Saisi pour un examen en urgence, le tribunal de commerce de Paris n’émettra pas son verdict avant la fin de ce mois, concernant un paiement de 70 millions d’euros attendu pour le 30 janvier. Le président de cette instance, Patrick Sayer, a exprimé sa conscience du fait que ce délai n’était pas idéal pour le football professionnel, mais a insisté sur la nécessité de « faire les choses correctement » face à un dossier volumineux de 110 pages.
Un avocat de la LFP, Yves Werhli, a déploré que « les clubs comptent recevoir les fonds à l’heure et à la date prévues », ajoutant qu’en permettant à un diffuseur de régler sa propre justice, cela expose « les clubs à de grands risques ». En réponse aux pertes potentielles, une source proche de la Ligue a affirmé que « des solutions sont en cours pour permettre aux clubs de recevoir rapidement les versements », et que « la LFP soutiendra les clubs en difficulté ».
« DAZN cherche à gagner du temps »
Une source a exprimé son regret que « DAZN a, une fois de plus, tenté de gagner du temps en remettant un document de 110 pages juste avant l’audience, s’assurant ainsi que la décision ne pouvait pas être rendue ce vendredi ». Le président Sayer a plaisanté durant l’audience sur le fait qu’il avait « peu dormi ».
Le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, a souligné jeudi dernier que « les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 sont en grande difficulté », ajoutant qu’il est possible que certains clubs cessent leurs activités à la fin de la saison, voire avant. Pour justifier le non-paiement de la moitié de la somme due, la plateforme britannique de diffusion en streaming DAZN a mentionné des défis opérationnels, partiellement liés au piratage et au manque de coopération de certains clubs, qui n’ont pas promu l’abonnement à DAZN sur leurs réseaux sociaux.
D’après Jean-Luc Larribau, avocat pour la chaîne diffusant huit des neuf matchs de Ligue 1 chaque journée, la LFP « n’a pas respecté son devoir de fournir les droits exclusifs », particulièrement face à l’ampleur du piratage depuis l’étranger, et a « négligé ses obligations de marketing ». L’avocat de la LFP, Thibaud d’Alès, maintient que l’obligation pour DAZN de payer le montant restant « n’est pas contestable ».
Poursuite des négociations
Malgré le conflit judiciaire, les deux parties ont assuré que des négociations sont toujours en cours pour tenter de trouver un accord. Brice Daumin, à la tête de DAZN en France, a révélé à l’AFP avoir proposé mi-décembre à la LFP un plan pour mieux protéger leurs droits exclusifs, lutter contre le piratage et obtenir un meilleur soutien des clubs. Cependant, il n’a jamais reçu de réponse de leur part, ce qui a conduit DAZN à payer seulement la moitié de la somme due, soit 35 millions, le 5 février, plaçant le reste sous séquestre, espérant ainsi provoquer « un électrochoc ».
Dans cette optique, la LFP a introduit un second référé jeudi soir, demandant la saisie provisoire de ce montant. Le tribunal décidera sur cette question le 21 février. DAZN compte actuellement 500 000 abonnés, selon Me Larribau lors de l’audience, loin du 1,5 million d’abonnés espérés. Si ce seuil n’est pas atteint d’ici décembre 2025, DAZN possède une clause lui permettant de résilier son contrat avec la LFP, valant jusqu’en 2029. La Ligue peut également mettre fin à cet accord à la même période. Daumin a assuré que « nous n’avons aucune intention de nous retirer », confirmant leur engagement à long terme et affirmant qu’activer cette clause serait « catastrophique pour tout le monde ».