Il y aurait pu y avoir deux vainqueurs olympiques en saut en hauteur. Encore une fois. Après que Mutaz Essa Barshim n’a pas réussi à franchir 2,38 m, Shelby McEwen et Hamish Kerr restaient seuls en compétition, à égalité. Ils avaient la possibilité de se partager la médaille d’or, comme le permet le règlement, et comme l’avaient fait Barshim et Gianmarco Tamberi il y a trois ans à Tokyo.
Finalement, les deux athlètes ont choisi de poursuivre la compétition, et c’est l’Américain McEwen qui a perdu lors des barrages, laissant ainsi l’or au Néo-Zélandais. McEwen s’est donc contenté de la médaille d’argent… et a essuyé une pluie de critiques. En regardant le direct, beaucoup ont eu l’impression que c’était McEwen qui avait insisté pour continuer la finale, ce que beaucoup ont interprété comme de l’arrogance. Certains ont même évoqué le « karma » pour expliquer sa défaite ultérieure, tandis qu’un consultant de France Télévisions a lâché la phrase suivante à l’antenne : « Il y a une justice. »
Les deux sauteurs souhaitaient poursuivre
Cette réaction à chaud mérite d’être nuancée. Elle repose sur une idée fausse de départ, puisque les deux hommes étaient en fait tous deux déterminés à continuer la compétition. Kerr a même été le premier à proposer de poursuivre.
« Je suis presque sûr que Shelby était dans le même état d’esprit parce que nous nous sommes regardés et c’était assez simple. Nous avons tous deux hoché la tête et nous sommes partis, » a expliqué le Néo-Zélandais à ESPN. « Nous avons discuté et il m’a dit : ‘Allons-y’. Et j’ai répondu : ‘Je suis totalement partant’, » a ajouté l’Américain.
D’autre part, est-ce vraiment dans l’esprit du sport de terminer une compétition sans désigner un seul vainqueur ? Barshim et Tamberi l’ont fait il y a trois ans, mais l’histoire était différente : ce sont deux immenses champions, les deux favoris, ils sont également bons amis et voulaient partager ce moment. Lorsque Katie Moon a fait une chose similaire avec l’Australienne Nina Kennedy aux Mondiaux de Budapest l’année dernière, la perception a été différente.
« Pff. L’année dernière, nous avions choisi de partager l’or et on nous avait traités de lâches, de faibles, etc. Cette année, un athlète choisit de sauter et on lui dit également d’avoir honte de cela, » a déploré la perchiste américaine. « Que cela serve de leçon à tous les athlètes : faites ce que vous sentez au fond de vous comme étant le mieux pour vous, car vous ne rendrez jamais tout le monde heureux, même si vous rapportez des médailles pour votre pays. »