Marie-José Pérec est restée silencieuse pendant de nombreuses années sur le sujet du racisme. Cependant, à l’approche des Jeux Olympiques de 2024, elle trouve finalement le courage de s’exprimer et de condamner ce fléau.
Figure emblématique du sport et de l’athlétisme en France, Marie-José Pérec se révèle comme jamais auparavant dans un documentaire diffusé ce dimanche soir sur Canal+, intitulé « Marie-JO ». « Je voulais transmettre cela. Mais je ne souhaitais pas un documentaire édulcoré où tout le monde dirait uniquement du bien de moi. […] Mon parcours n’a rien de simple, il est plein de bosses ! Je voulais un documentaire qui me ressemble vraiment », confie-t-elle dans une interview rapportée par L’Équipe.
À la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, la sportive de 56 ans trouve enfin les mots pour évoquer une douleur qu’elle a traînée durant toute sa carrière. « Pendant longtemps, je me suis tue, j’étais seulement en colère. Je me voyais en mission pour montrer aux gens que nous sommes là, que nous existons et que nous pouvons accomplir de grandes choses. En gagnant, c’est comme si je perdais ma couleur, même pour les racistes… »
« J’ai une détermination incroyable »
« L’intensité de mes victoires était si grande qu’elle surpassait leur haine », continue la triple championne olympique (400m à Barcelone en 1992 ; 200m et 400m à Atlanta en 1996). « Partir de si loin, être aussi brute, avoir cette force intérieure, et réussir à tout donner… Dans le documentaire, grâce aux prises de vue par drone, on voit bien mon quartier (à Basse-Terre en Guadeloupe, ndlr), d’où je viens. Tout ce chemin que j’ai parcouru. Tout ne peut pas être parfait. C’est comme nager dans une rivière en crue et essayer de se raccrocher à quelque chose. Parfois, j’ai été submergée, mais j’ai toujours refait surface ! »
Marie-José Pérec parle notamment de l’épisode douloureux des JO de Sydney en 2000, et de l’agression dont elle dit avoir été victime dans sa chambre d’hôtel avant de quitter précipitamment le pays. « Si cela s’était passé à un autre moment, pas pendant les Jeux, je ne l’aurais peut-être pas vécu avec la même intensité. Le contexte de Sydney a amplifié les choses. J’étais déjà dans un environnement fou, avec la tension, la pression, toute mon histoire personnelle, et il a suffi d’un rien de plus pour que je craque. » À cette époque, sa grand-mère lui recommandera de consulter un psychologue. « C’est la seule fois où je ne l’ai pas écoutée ! Je crois que je suis trop forte pour aller voir quelqu’un. J’ai une mentalité de fer. À chaque fois, je réussis à m’en sortir par moi-même », conclut Marie-José Pérec.