Ce samedi, une décision majeure a été rendue publique, provoquant un grand émoi. Jannik Sinner fait face à une suspension de trois mois après un accord conclu avec l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) à la suite de la violation d’une règle antidopage. Plus tôt cette année, il avait été révélé que le joueur avait été contrôlé positif au clostébol lors de deux tests en mars 2024, avec une semaine d’écart. Des traces très faibles de l’anabolisant avaient été détectées dans ses échantillons d’urine. L’affaire a éclaté en août lorsque l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) avait accepté son explication. Selon Sinner, une contamination accidentelle due à un vaporisateur utilisé par quelqu’un de son équipe était à l’origine de ce résultat, et l’avait ainsi acquitté. Cependant, l’AMA a fait appel de cette décision, aboutissant à l’accord qui vient d’être annoncé.
Réactions et controverses
Dans le monde du tennis, cet accord suscite de nombreuses interrogations. Philippe Dehaes, consultant pour la X-TremLimit, se montre sceptique à ce propos : « Je suis partiellement surpris par cette possibilité de négocier avec l’agence antidopage. Des questions légitimes se posent quant à ce choix. On constate que les joueurs commencent, notamment sur les réseaux sociaux, à exprimer leurs opinions. Tout le monde évoque, par exemple, le cas de Simona Halep, engluée dans une situation similaire et pénalisée par une suspension de deux ans. Elle n’est jamais revenue à son niveau précédent après ces événements et a finalement décidé d’arrêter sa carrière. Cette décision est pour le moins inattendue et ne semble pas contribuer à la défense de l’intégrité sportive ou à redorer l’image du tennis. »
Le point de vue nuancé du consultant se fonde également sur la personnalité de Sinner en elle-même. Philippe Dehaes perçoit Sinner comme un atout appréciable pour le tennis : « La décision est positive pour Sinner, et c’est tant mieux, car il est un excellent ambassadeur du sport de par son image. En tant que joueur de premier plan mondial, il se distingue par sa courtoisie, tant sur le court qu’en dehors. Sa conduite est irréprochable. Il traite avec respect les personnes, les organisateurs de tournois, et la presse. C’est un vrai gentleman. Donc c’est une bonne chose pour lui sur le plan personnel, mais des questions subsistent pour l’avenir du tennis. »
L’Agence mondiale antidopage a approuvé cet accord en se fondant sur la sincérité apparente de Sinner, en appuyant cette décision sur les mêmes justifications qui avaient persuadé l’ITIA. « L’AMA accepte les explications de l’athlète, considère qu’il n’avait pas l’intention de tricher, que son exposition au clostébol ne lui a donné aucun avantage sur le plan de la performance. Toutefois, un athlète doit être responsable des fautes de son entourage. En prenant en compte ces éléments, une suspension de trois mois semble être une mesure appropriée. »
C’est un avis que Philippe Dehaes partage difficilement, surtout lorsqu’il se penche sur le cas Halep: « La durée de suspension est plus clémente comparée à d’autres cas similaires. Et effectivement, la possibilité de négocier avec des agences qui devraient être complètement autonomes, neutres et indépendantes soulève un problème. On constate ici, une fois de plus, que Sinner, leader mondial, semble bénéficier de concessions particulières par rapport à la décision prise. Une négociation qui a été possible avec le numéro un mondial, dans un contexte où l’on sait que l’argent a une importance capitale dans le sport, particulièrement dans le domaine du tennis, rend cette décision des plus surprenantes. »
Le joueur, suspendu depuis le 9 février 2025 à 23h59, pourra rallier les terrains à partir du 13 avril 2025, ayant déjà purgé quatre jours de suspension provisoire. Cette date lui permet de participer à Roland-Garros, prévu le 25 mai. « Il s’agit d’une suspension qui lui permet de conserver ses gains. Il conserve aussi ses titres et, entre quelques compétitions, il sera de retour dès la mi-avril. En réalité, cette suspension ne change en rien sa préparation ni sa planification des tournois tels que Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open, et elle ne met pas en péril son titre à l’Open d’Australie ni sa place de numéro un mondial, car il ne perd rien durant cette courte suspension. »
De son côté, le joueur a également fait part de son ressenti : « Cette affaire me pesait depuis presque un an, et le processus aurait pu encore se prolonger, avec une issue potentiellement en fin d’année. J’ai toujours pris mes responsabilités concernant mon équipe et je suis conscient que l’AMA impose des règles strictes qui sont essentielles pour protéger le sport que j’affectionne tant. Sur cette base, j’ai accepté la proposition de la WADA afin de conclure cette procédure avec une sanction de trois mois. »