L’affrontement entre Zverev et De Minaur, prévu pour la soirée de mercredi, signalera la fin de l’édition de cette année de Roland-Garros, un événement qui se clôturera sans avoir placé même une seule partie du tableau féminin en créneau nocturne. Cette situation représente une véritable épreuve de logistique pour ceux qui orchestrent le tournoi.
Cela aurait pu être le bon moment. Suite au retrait de Novak Djokovic de son quart de finale face à Casper Ruud, l’opportunité était toute trouvée pour mettre en avant un match féminin en session nocturne, probablement celui entre Sabalenka et Andreeva. Toutefois, le choix s’est porté sur le duel entre Zverev et De Minaur, provoquant la frustration de France Télévisions, qui se retrouvait sans aucune confrontation masculine le mercredi et laissant les spectateurs de la journée sans autre option que de regarder les deux derniers quarts de finale féminins.
Durant les 11 soirées organisées, le public a uniquement assisté à des matchs masculins, soulignant un déséquilibre encore plus marqué que lors des éditions passées de Roland-Garros. Pour rappel, en 2021, année inaugurale de ces sessions nocturnes, c’était Serena Williams qui avait eu l’honneur de lancer la première. L’année suivante, un match captivant entre Ostapenko et Cornet avait été planifié, offrant un spectacle mémorable. Par contre, l’année dernière, la confrontation entre Sabalenka et Stephens avait suscité de nombreuses reventes de billets.
Pour les organisateurs, dont la directrice du tournoi Amélie Mauresmo, cette programmation nocturne représente un véritable casse-tête. Il est essentiel de répondre aux attentes du public, qui débourse presque autant pour assister à un seul match en soirée que pour trois matchs en journée sur le court central. De plus, il faut contenter le diffuseur officiel, Prime Video, qui investit une somme considérable pour diffuser ce qui est présenté comme l’événement phare de la journée.
Est-il inconcevable d’avoir un match féminin comme affiche principale ? Absolument pas. Néanmoins, il est important de reconnaître que, malgré la popularité généralement supérieure des joueurs masculins – une différence potentiellement accentuée par de telles décisions de programmation -, un élément fondamental distingue le tennis masculin du féminin à ce niveau : le format des matchs. Les hommes jouent au meilleur des cinq sets, contre trois pour les femmes, ce qui prolonge naturellement la durée des rencontres masculines.
Swiatek, à la fois l’exception et la contre-exemple
Pourtant, il y a toujours des exceptions qui confirment la règle. Cette année, le match sensationnel entre Swiatek et Osaka au second tour méritait sans aucun doute une place en session nocturne, probablement plus que le match Gasquet-Sinner programmé ce jour-là. La rencontre a duré 2h57, surpassant la durée de sept matchs sur les neuf précédentes sessions nocturnes. Seules les batailles haletantes entre Djokovic-Musetti et Zverev-Rune ont duré plus longtemps.
Le jour suivant ce match épique, Amélie Mauresmo est apparue devant les médias. Sa réponse fut essentiellement que c’était facile de dire, a posteriori, que ce duel Swiatek-Osaka aurait mérité la session de nuit. Avant ce match, personne n’aurait parié sur une performance de haut niveau de la part d’Osaka, connue pour être moins à l’aise sur terre battue et revenant tout juste d’une pause due à sa grossesse.
Ironiquement, c’est Iga Swiatek elle-même qui complique la tâche des organisateurs. La numéro 1 mondiale, tenante du titre et grande favorite, malgré un « défaut » notable : elle a l’habitude d’écraser ses adversaires avec des scores sévères comme 6-0. En huitième de finale, elle n’a passé que 40 minutes sur le court, concédant seulement dix points (sans laisser le moindre jeu) à Potapova, classée 41e mondiale mais complètement dépassée. En quart, elle inflige un nouveau 6-0, 6-2 à Vondrousova, n°5 mondiale, finaliste à Roland-Garros et gagnante à Wimbledon, en seulement 1h02. Est-il vraiment judicieux de programmer un tel phénomène en session nocturne ? Il faudra attendre l’édition suivante pour avoir des éléments de réponse.