Coupe Davis : Fin de match houleuse entre scandale, passion et tristesse

La conclusion du match de Coupe Davis entre la Belgique et le Chili a laissé un impact significatif. Même après le sérieux incident à Hasselt, le sentiment d’injustice persiste. Tout cela reste profondément désolant.

Un dénouement tragique pour la victoire de la Belgique

On n’avait jamais observé une équipe victorieuse aussi désorientée, peinée et affectée. Admettons-le, si les rôles avaient été inversés et que les Belges avaient perdu après un tel incident, on aurait sûrement crié au scandale, comme l’ont fait les Chiliens, bien que la réaction aurait probablement été différente.

Autrefois, cela semblait simple : un joueur qui touchait quelqu’un avec une balle ou une raquette, que ce soit un arbitre, un spectateur ou un adversaire, risquait une disqualification immédiate. On pourrait aussi inclure "avec son corps", mais ce genre de cas n’est pas courant. Le cas le plus célèbre est celui de Novak Djokovic, exclu de l’US Open 2020 après avoir accidentellement frappé une juge de ligne à la gorge avec une balle. Même si ce n’était pas intentionnel, le joueur avait dû quitter le terrain, match perdu.

Dernièrement, il semble que les règles soient plus sujettes à interprétation. Par exemple, à Roland-Garros l’année dernière, le Français Terence Atman avait envoyé une balle de frustration dans le public, frappant une femme au genou. Après quelques minutes de discussions entre le juge-arbitre et la spectatrice touchée, Atman n’avait pas été disqualifié. Cela donnait l’impression étrange que c’était la décision de la spectatrice qui prévalait. Elle avait d’ailleurs déclaré : "Non, je pense qu’il ne l’a pas fait exprès".

Devait-on disqualifier Zizou Bergs dans cette affaire ? D’autres ont été disqualifiés pour des actes similaires. Il n’avait aucune mauvaise intention, mais plutôt emporté par la passion, l’ambiance et l’adrénaline d’une fin de match serrée. Son tempérament charismatique et compétitif lui a porté préjudice. Bergs a admis ses torts.

Cet incident doit lui servir de leçon. Il doit apprendre à mieux canaliser son énergie tout en restant charismatique et compétitif. Malheureusement, les conséquences de cet incident sont significatives.

D’une perspective neutre, une disqualification n’aurait pas été choquante, particulièrement si Zizou Bergs avait été la victime de Cristian Garin. Cependant, l’arbitre a jugé que l’incident relevait de l’accident sans mauvaise intention du Belge, même si cet argument ne pèse pas toujours.

Le capitaine belge, Steve Darcis, a reconnu qu’une disqualification n’aurait pas été imméritée pour Bergs. S’il avait été disqualifié, le déroulement du match aurait pris une autre tournure avec un match décisif supplémentaire. Dans ce cas, un camp aurait célébré la qualification.

Dans le scénario actuel, il n’y a eu aucune célébration. Les gagnants semblaient aussi anéantis que les perdants. Les Belges étaient dévastés, tandis que les Chiliens étaient furieux.

De plus, si Bergs avait été disqualifié, il aurait évité son cauchemar actuel. Ce matin, on pense à lui. Il se sent coupable, c’est évident. Zizou est une personnalité appréciée dans le monde du tennis belge, réputée pour sa gentillesse et sa passion. Toutefois, il va traverser des semaines difficiles, impactant peut-être son futur carrière sportive. Personne ne mérite les torrents de haine auxquels il fait face sur les réseaux sociaux.

Rien que sur ses dernières publications Instagram, on compte 50 000 commentaires d’insultes de toutes sortes, majoritairement en espagnol. Bizarrement, de nombreuses recettes de cuisine chiliennes ont été postées pour saturer ses comptes.

Dans l’avenir, cela risque de rendre ses prestations en Amérique du Sud compliquées, avec une hostilité du public. Même si cela finira par s’atténuer, le vivre est pénible pour un jeune homme de 25 ans qui n’a rien fait de mal, se laissant simplement porter par son engagement.

"Ils n’ont rien fait de mal", a affirmé à plusieurs reprises Nicolas Massu, le capitaine chilien, en conférence de presse. Ses arguments tiennent. Si l’on regarde du côté chilien, on comprend qu’ils s’estiment lésés. Garin, qui n’avait rien demandé, a été pris par surprise et choqué. Tomber sur l’épaule d’un athlète ne doit pas être une mince affaire. Découler condition, l’équipe chilienne se voit pénalisée lourdement.

L’équipe belge aurait pu être acculée à la même situation, réagissant potentiellement différemment. Les Chiliens ont peut-être exagéré l’incident, nuançant la véritable sévérité de l’impact. Cependant, ils ont préféré opter pour le collectif victimisé. Même un médecin indépendant, s’il avait déterminé que la blessure empêchait Garin de continuer, aurait pu forcer la disqualification de Bergs.

Cependant, ce médecin n’a pas agi de la sorte. Les Chiliens soutiennent que cet avis médical fut sommaire, arguent que le médecin étant belge, cela biaisait son impartialité. Cette situation n’avait auparavant posé problème. Historiquement, en Coupe Davis, les juges de ligne venaient du pays hôte sans que cela ne suscite contestations.

La fervente passion sud-américaine pour la Coupe Davis les a conduits à vouloir renverser la situation, en vain. Les Belges auraient probablement géré cela différemment, mais les faits sont là.

Les Chiliens vont introduire une réclamation auprès de la Fédération Internationale, qui a peu de chance d’aboutir. C’est regrettable pour eux mais il est vital que chacun retrouve sa sérénité. Cette affaire n’aurait dû priver aucun joueur de jouir d’une victoire honnête. La Coupe Davis reste une compétition magnifique.

Et aucun ne mérite non plus les torrents d’animosité véhiculés sur les réseaux sociaux.