Dans le cadre de l’expédition exigeante du Vendée Globe, les choix stratégiques des skippers peuvent déterminer le succès ou l’échec de leur parcours à travers l’océan Indien.
Charlie Dalin face à la tempête australe
Charlie Dalin, le skipper en tête de la course à bord de son voilier mené par Macif, rencontre des conditions météorologiques difficiles dans l’océan Indien. Jeudi matin, lui et Sébastien Simon, qui le suit de près avec son bateau Groupe Dubreuil, ont franchi la latitude sud de 47 degrés au nord des îles Kerguelen. Ils ont pris la décision audacieuse de ne pas contourner la première grande dépression australe du nord. En dépit des alertes, comprenant des vents puissants dépassant 50 nœuds et une mer agitée avec des vagues atteignant 7 à 8 mètres, Dalin et Simon s’efforcent de maintenir leur cap vers l’est, espérant atténuer les impacts avant que la tempête ne les rattrape.
Lors d’une communication avec l’organisation du Vendée Globe, Dalin a partagé ses impressions : « J’ai passé une nuit difficile avec des vents importants, et je ressens la fatigue. Les conditions ont été instables, avec des rafales allant au-delà de 30 nœuds. Ce matin, la situation s’est légèrement calmée, ce qui m’a permis de renvoyer un peu de toile. Je progresse vers l’est avec une bonne vitesse et je suis en avance sur mes estimations. La houle est présente, mais cela reste gérable. Mon espoir est de rester en avant du front durant les 24 heures à venir. Ainsi, lorsque la dépression arrivera, elle aura perdu de sa force, bien que je m’attends à des secousses importantes. »
Dalin poursuit : « Cette course contre la dépression est un véritable défi. Tout se joue sur des détails infimes, et il est crucial d’éviter tout contretemps ou panne technique. C’est une navigation extrêmement tendue, chaque erreur peut être fatale. L’essentiel est de retarder le moment où la tempête nous rattrape. Chaque mètre gagné est précieux, et je les lutte avec détermination à travers mes ajustements et mes choix tactiques. Jouer ainsi avec les systèmes climatiques est particulièrement captivant, surtout avec ces voiliers rapides. »
Un pari risqué, résultat imminent
Pour Sébastien Simon, la situation est tout aussi intense. La réussite à passer cette tempête sans encombre pourrait s’avérer être un choix gagnant dans les deux ou trois jours à venir. Pendant ce temps, les concurrents situés plus au nord et bénéficiant de conditions relativement plus clémentes enregistrent un retard important selon le classement de 11 heures. Yoann Richomme (sur Arkéa-Paprec) est à 432 milles, Thomas Ruyant (avec Vulnérable) à 514 milles, Nicolas Lunven (sur Holcim-PRB) à 671 milles, et Jérémie Beyou (à bord de Charal) à 675 milles derrière les leaders.
À plus de 2 200 milles nautiques à l’arrière (environ 4 070 kilomètres), les premiers voiliers équipés de dérives poursuivent leur course près du cap de Bonne-Espérance. Tanguy Le Turquais, à bord de Lazare, mène ce groupe, suivi de Jean Le Cam (Tout commence en Finistère) et Violette Dorange (en action sur Devenir).
En parlant de son expérience récente, Tanguy Le Turquais a confié : « Je m’initie aux mers du Sud. J’estimais auparavant posséder une certaine expérience en navigation, mais je réalise aujourd’hui n’avoir jamais vraiment quitté mon cadre habituel. C’est époustouflant. Le spectacle de la mer est surréel, désordonné, traversé par une houle abrupte et des vagues qui déferlent dans toutes les directions. Le ciel est envahi de nuages noirs, c’est un paysage à la fois sublime et terriblement angoissant. »