La situation financière des clubs du Top 14 pour la saison 2023-2024 se révèle préoccupante. Un rapport récent de la Ligue Nationale de Rugby révèle des pertes d’exploitation cumulées atteignant 64,5 millions d’euros, un record depuis la saison 2020-2021, fortement impactée par la pandémie.
Les pertes atteignent des sommets malgré un chiffre d’affaires inédit
Bien que les pertes aient augmenté de 9,7 % par rapport à la saison précédente, atteignant un niveau sans précédent depuis les années précédant la pandémie, les recettes des clubs ont simultanément atteint un niveau record. En effet, avec un chiffre d’affaires global de 434 millions d’euros, une hausse de 9,3 % par rapport à l’année précédente est enregistrée. Plusieurs secteurs contribuent à cette croissance : les ventes de billets, le sponsoring, les hospitalités, la vente de produits dérivés et notamment une augmentation notable des droits télévisés.
Des charges en hausse : un équilibre financier menacé
Cependant, l’augmentation des recettes ne contrebalance pas une forte croissance des charges qui avoisinent les 500 millions d’euros. La LNR attribue cette situation à une inflation généralisée ainsi qu’à des coûts variables croissants, découlant directement de l’augmentation des revenus, surtout au niveau des hospitalités, des recettes de match et des ventes de produits. Devant ce déficit croissant, plusieurs actionnaires ont accordé des abandons de dettes importants pour limiter la perte nette à environ 35 millions d’euros, selon la Ligue.
Un écosystème fragile : Seuls quatre clubs en surplus
Parmi les quatorze clubs participant au championnat, dix souffrent de résultats d’exploitation négatifs. Bien que la Ligue n’ait pas divulgué les noms des clubs en difficulté, elle précise qu’un club accumule à lui seul une perte de 17 millions d’euros. Dans cette situation préoccupante, certains responsables demandent une révision des règles relatives à la masse salariale, notamment le salary cap, qui est actuellement fixé à 10,7 millions d’euros par an. Plusieurs présidents de clubs plaident pour une réduction progressive de ce plafond au cours des prochaines années.
Le salary cap, au cœur des discussions pour l’avenir
Yann Roubert, récemment élu président de la Ligue, a exprimé en avril l’intention d’engager des discussions sur le salary cap dans un futur proche. « Je n’ai jamais caché mon opinion en faveur d’une baisse modérée et progressive du salary cap. Un débat de fond prendra place, visant à évaluer son évolution à partir de 2027 », a-t-il confié à l’AFP. Actuellement considéré comme l’un des championnats les plus attractifs à l’international, le Top 14 voit sa stabilité économique devenir une question pressante. La ferveur des supporters ne saurait masquer les fragilités financières grandissantes du championnat.