Tevita Tatafu sur son arrivée en France : « J’ai pleuré, appelé ma mère »

Tevita Tatafu : des montagnes tongiennes aux terrains de rugby bayonnais

Un parcours imprévu vers le rugby professionnel

Tevita Tatafu, aujourd’hui pilier droit pour l’Aviron Bayonnais, s’est ouvert sur son enfance atypique lors d’une interview exclusive avec Midi Olympique. Au quotidien, il n’avait jamais envisagé une carrière sportive professionnelle. Dans ses jeunes années, Tevita passait ses journées à l’école, à se chamailler avec ses camarades le sourire aux lèvres. De retour à la maison, il prêtait main-forte à sa mère ou à son père qui travaillaient dans les montagnes tongiennes, cultivant divers produits locaux comme le taro, le kava, et le manioc. Cette routine stricte était mise de côté le dimanche pour aller à l’église en famille avec ses sept sœurs et deux petits frères.

Son arrivée à Bayonne : un tournant crucial

Tevita raconte également comment il a trouvé son chemin vers la France et plus particulièrement vers Bayonne. À cette époque, il s’apprêtait à rejoindre la Nouvelle-Zélande où deux équipes, dont les célèbres Hastings Boys, lui avaient offert des opportunités, avec une option également au Japon. Cependant, son coach aux Tonga a reçu un appel de Toma Taufa et Yannick Bru. Toma avait partagé des séquences de ses matchs avec Yannick, qui a finalement convaincu Tevita de choisir la France à seulement 17 ans.

Début difficile en France

Le passage en France n’a pas été sans embûches. Submergé par le mal du pays, Tevita a contacté sa mère, en larmes, exprimant son désir de retourner aux Tonga. Lors d’une escale aux Fidji, il a même essayé de demander aux agents de sécurité de le renvoyer chez lui. Seul et perdu, il pleurait au téléphone en implorant sa mère, qui, pleine de sagesse, l’encourageait à être fort et à penser à sa famille.

À son arrivée, le changement climatique était notable pour Tevita : octobre en Europe s’annonçait froid pour quelqu’un habillé seulement en short et tongs. Accueilli par Fred Bonhomme, son agent, à l’aéroport, Tevita ne comprenait que peu l’anglais, parlant uniquement le tongien à l’époque.

Adversité sur le terrain avec les Crabos

Les premiers pas de Tevita au sein des Crabos ont été marqués par des difficultés d’adaptation. Tout allait trop vite pour lui, ne comprenant ni le jeu ni la langue. Dès le deuxième jour, les entraînements intenses comprenaient jusqu’à onze mêlées consécutives, un chiffre incroyable pour lui qui venait d’un pays où trois ou quatre mêlées suffisaient. Aux Tonga, le jeu de rugby s’orientait moins sur la passe et plus sur des courses directes une fois le ballon en main.

Premiers pas dans le monde professionnel

Tevita se souvient clairement de son premier match professionnel contre Brive en février 2021. Ce fut une rencontre exigeante, particulièrement en mêlée où il s’était rendu compte de son manque de compétence. Ainsi, il a commencé à travailler intensément pour améliorer cet aspect, se heurtant à la barrière de la langue avec son coéquipier Matis Perchaud. Ne partageant pas de langue commune, ils s’encourageaient seulement par des cris pour se motiver sur le terrain.

L’aide précieuse de Yannick Bru et Joël Rey

L’apport de Yannick Bru et Joël Rey a été inestimable dans l’amélioration des techniques de mêlée de Tevita. Ils lui ont enseigné les subtilités techniques qu’il ignorait totalement, montrant que la puissance seule ne suffisait pas pour réussir dans ce domaine. Par leur soutien, Tevita a pu évoluer et s’intégrer dans le rugby professionnel, marquant ainsi une étape essentielle dans son parcours sportif.