Pourquoi les franchises sud-africaines ne prennent-elles pas au sérieux la Champions Cup ?

Défis rencontrés par les équipes sud-africaines en Champions Cup

Un bilan en demi-teinte pour les franchises africaines

Cela n’a échappé à personne : les équipes sud-africaines ont rencontré de sérieuses difficultés lors de la phase de groupes de la Champions Cup. Depuis trois saisons, les équipes issues de cette région, souvent appelée nation arc-en-ciel, n’ont décroché que deux victoires sur neuf rencontres disputées. Les franchises des Sharks de Durban, des Bulls et des Stormers n’ont pas réussi à rivaliser avec les formations européennes.

Un manque de sérieux dans la compétition ?

Cette situation soulève des questions quant à l’engagement réel des équipes sud-africaines dans cette compétition de haut niveau. Plusieurs observateurs se demandent pourquoi ces équipes ne semblent pas investir pleinement dans cette compétition en n’alignant pas systématiquement leurs joueurs les plus performants lors des matches.

Contexte et enjeux économiques

Ken Borland, correspondant spécialisé dans le rugby sud-africain, a été interrogé à ce sujet par Midi Olympique. Il évoque les grandes difficultés rencontrées par les équipes sud-africaines en Champions Cup. Selon lui, le problème crucial est le manque de profondeur de leurs effectifs. Pour ces équipes, l’objectif principal reste de bien figurer dans l’URC, championnat qui permet de se qualifier pour la Champions Cup. Malheureusement, les meilleurs joueurs ne peuvent prendre part à chaque match de ces deux compétitions, en plus des rencontres internationales. Pour performer sur tous les fronts, ces équipes sud-africaines auraient besoin de deux groupes complètement distincts. Cependant, le plafond salarial en Afrique du Sud est relativement bas et le taux de change du rand, la monnaie locale, est défavorable. Dans ces conditions économiques, il est très difficile pour ces équipes de constituer un effectif complet et compétitif. Certains clubs de Pro D2 en France, comme Brive et Grenoble, ont des budgets qui surpassent ceux des équipes sud-africaines évoluant en URC. Borland suggère que si les Sud-Africains veulent continuer à participer à cette compétition, une réflexion sur le rythme des calendriers est nécessaire.

L’importance stratégique de la participation sud-africaine

De son côté, Thomas Lombard, dans une interview pour Le Progrès, souligne que le format actuel de la Coupe d’Europe montre des signes de faiblesse. L’intégration des équipes sud-africaines apporte une nouvelle dimension à la compétition grâce à une harmonisation des fuseaux horaires, ce qui pourrait, de plus, attirer de nouveaux sponsors et générer davantage de revenus. Lombard voit également d’un bon œil les longs déplacements, car cela permet aux joueurs de mieux se connaître et de passer presque une semaine ensemble, ce qui renforce la cohésion d’équipe.

Une expérience enrichissante malgré les défis du calendrier

Gabin Villière, ailier du RC Toulon, partage ce point de vue en évoquant les liens renforcés entre les joueurs grâce à ces voyages, comme celui ayant conduit à une victoire contre les Stormers en décembre dernier. Villière remarque que le Top 14, championnat français, est long et exigeant, et profiter de ces compétitions internationales offre une expérience différente, bien qu’elle oblige à s’éloigner de leurs familles.

L’avenir des équipes sud-africaines dans la Champions Cup

Eben Etzebeth, deuxième ligne des Springboks, s’est exprimé lors du podcast The Ruck en insistant sur la nécessité d’un calendrier mondial harmonisé. Il évoque cette démarche comme étant la seule logique pour gérer les nombreuses compétitions auxquelles les joueurs sont confrontés. À présent, une question se pose : faut-il continuer à inviter les équipes sud-africaines à participer à la Champions Cup?