Dans l’œil du cyclone, un jeune prodige s’apprête à faire des vagues. Mathéo Frisach, à peine sorti de l’adolescence, va s’offrir son premier grand moment en tant que pilier titulaire en Top 14. La scène ? Le chaudron bouillant de Pierre-Fabre à Castres. À Clermont, c’est l’effervescence : l’ASM joue gros. En pleine lutte pour sa survie dans l’élite, elle doit composer avec une pénurie inquiétante à gauche de la mêlée. Lotrian cloué par une blessure au genou et Falgoux mis hors circuit par un biceps capricieux, sans parler d’Akhaladze frôlant le rouge après un troisième jaune contre Perpignan. Résultat : un seul rescapé, et il a 19 ans.
Un moment charnière
Trois apparitions en cours de jeu cette saison, et voilà Frisach qui plonge dans le grand bain samedi à 21h. La Rochelle ne lui a pas fait de cadeau pour ses débuts, mais face à Lyon, le gamin a montré qu’il avait du coffre. À Perpignan, il a tenu la baraque pendant qu’Akhaladze ruminait sur le banc. Urios, le boss, est catégorique : ce n’est pas un pis-aller, c’est une décision mûrement réfléchie. "C’est dans la logique des choses", dit-il. "On ne l’aurait pas fait débuter, ça aurait été à côté de la plaque."
Se jeter à l’eau
Pas question pour Urios de pouponner son benjamin sous le prétexte de la pression. "Julien Laïrle a discuté mêlée avec lui. Pas moi", lâche le coach sans détour. "Je vais pas me mettre à le brosser dans le sens du poil toutes les cinq minutes. S’il se disait qu’on doutait de lui ? Je suis pas là pour lui foutre les jetons. Mathéo, il est prêt."
Capitaine Bézy, qui connaît bien le môme depuis les Crabos, en est certain. "Pas de panique. On sait qu’il va briller." Et attention aux coups de vice, parce qu’en face, les vieux briscards vont sûrement le titiller.
Le révélateur
Contre une mêlée castraise réputée pour sa rudesse, Frisach devra jouer des coudes et garder la tête froide. Ce match ? Plus qu’un simple défi : peut-être le premier chapitre d’un beau roman sportif.