Australie : Les clubs français accusés de « piller » les jeunes talents

Le rugby australien exprime sa frustration face au recrutement des clubs français

Depuis l’Australie, un mécontentement grandit à l’égard de la France. Daniel Herbert, dirigeant de Rugby Australia et ancien joueur clé des Wallabies avec 67 sélections de 1994 à 2002, a vivement critiqué les clubs français. Selon lui, ces clubs seraient impliqués dans le recrutement intensif, voire le « débauchage », de jeunes espoirs australiens.

Les tensions autour de l’internationalisation des joueurs

Cette critique survient après plusieurs cas de joueurs internationaux ayant échappé aux radars australiens. Emmanuel Meafou, un pilier de 26 ans évoluant au Stade Toulousain, est au centre de cette controverse. Ayant acquis la nationalité française en novembre 2023, Meafou est devenu un joueur international français en 2024. Bien que né en Nouvelle-Zélande, il a grandi en Australie dès l’âge de deux ans et a commencé sa carrière dans le rugby professionnel avec des clubs australiens entre 2017 et 2019. Toutefois, il n’a jamais reçu d’offre sérieuse pour évoluer au plus haut niveau australien.

L’accusation de pillage des talents

C’est Toulouse qui a su profiter de l’occasion en 2019, permettant à Meafou de se développer dans le rugby européen. Daniel Herbert, ancien centre ayant évolué à Perpignan entre 2003 et 2005, n’a toujours pas digéré ce transfert. Le 16 avril, lors d’une conférence de presse dédiée à la situation financière de Rugby Australia, Herbert a exprimé sa colère sans détour.

Il a fait part de son intention de porter la situation à l’attention de World Rugby, dénonçant ce qu’il perçoit comme des pratiques déloyales des clubs français. Selon lui, « C’est une discussion que nous avons avec World Rugby car nous savons qu’il y a de nombreux cas similaires. La France est capable de former ses propres joueurs. »

Herbert insiste que la France ne devrait pas avoir besoin de contacter les agents de joueurs australiens pour tenter de recruter de jeunes talents. Il affirme qu’avec une population de 70 millions de personnes, la France n’a pas besoin de chercher au-delà de ses frontières. Il appelle à une réflexion mondiale sur ce qu’il considère comme une « prédation » des jeunes talents étrangers.

Débat au sein de World Rugby

Le responsable australien précise que ces pratiques ne seraient pas initiées par la Fédération française de rugby, mais par les clubs eux-mêmes. « Actuellement, ce sont les clubs français qui collaborent directement avec les agents de joueurs en Australie, et non pas nous. La plupart des pays ne le font pas, et c’est donc un sujet que nous aborderons avec World Rugby. »

Le cas de Meafou n’est pas isolé. Herbert exprime également son agacement face au départ notable de Visesio Kite, un jeune prodige de 16 ans, qui a récemment intégré l’équipe de La Rochelle. Ce joueur, considéré comme une étoile montante du sud, aurait quitté l’Australie faute d’offre, bien que Rugby Australia assure avoir soumis une proposition.

Conflit d’intérêts nationaux

Ainsi, les tensions montent entre les institutions australiennes et les clubs français, sur fond de rivalité et de préservation des talents locaux. Cette lutte pourrait bien migrer du terrain de jeu aux discussions dans les bureaux de World Rugby.