Le sexe : un atout pour les performances sportives ?

Les Jeux Olympiques suscitent toujours autant de curiosité quant à ce qui se passe en dehors des compétitions sportives. Les rumeurs sur la vie intime des athlètes abondent, et il est parfois difficile d’y voir clair. Cet article se propose d’éclaircir les choses en recueillant des avis d’experts sur la sexualité durant cet événement mondial.

Introduction au phénomène de la sexualité aux JO

Tous les quatre ans, les Jeux Olympiques reviennent avec leur lot de curiosités et de rumeurs, notamment concernant les comportements sexuels des athlètes en dehors des compétitions. Afin d’aborder ce sujet tout en respectant la vie privée des sportifs, ce dossier s’est basé sur les opinions de professionnels experts dans le domaine de la sexualité féminine durant les JO.

Priorité à la prévention et à la sécurité

Depuis les Jeux de Séoul en 1988, chaque athlète reçoit deux préservatifs par jour. Une mesure préventive instaurée à l’origine pour lutter contre le Sida et pour éviter que les infections sexuellement transmissibles (IST) ne compromettent les performances sportives. La sécurité inclut également le consentement, un sujet de plus en plus discuté au sein du village olympique. De plus, des digues buccales et des préservatifs féminins sont également distribués, signe d’une attention accrue à la sexualité des femmes, souvent ignorée dans le passé. Erika Lust, cinéaste spécialisée dans le cinéma pour adultes féministe, souligne que cette évolution démontre une tentative de briser les tabous autour de la sexualité féminine, notamment dans un univers encore largement dominé par les hommes.

Avec la pandémie de Covid-19, les règles ont encore évolué. Par exemple, aux Jeux de Tokyo 2021, des protocoles stricts ont été instaurés pour minimiser les contacts rapprochés et les relations sexuelles, redistribuant les préservatifs uniquement au départ des athlètes du village olympique.

Sexualité et médailles : une cohabitation possible ?

Tinder et autres anecdotes croustillantes

Les applications de rencontre comme Tinder connaissent un pic d’utilisation impressionnant durant les JO, comme en témoignent les chiffres lors des Jeux d’hiver de PyeongChang en 2018. Également, des histoires plus osées refont surface, telles que l’épisode aux JO d’hiver de Lillehammer 1994 où des athlètes allemands auraient proposé une médaille en échange de faveurs sexuelles.

Regards masculins prédominants

Lorsqu’il s’agit de parler ouvertement de la sexualité aux JO, ce sont souvent les hommes qui prennent la parole. Hope Solo, ancienne gardienne de but de l’équipe américaine de football, avait décrit des scènes explicites village olympique en 2012, tandis que Susen Tiedtke, une athlète allemande, racontait que l’excitation post-compétition donnait lieu à des comportements festifs bruyants dans les chambres. D’après Pauline Schillaci, sexologue clinicienne, cette abondance de récits masculins s’expliquerait par la persistante perception puritaine de la sexualité féminine, obligeant les femmes à modérer leurs confidences.

Mythes et réalités de la sexualité aux JO

Croyances tenaces

L’idée que l’abstinence est bénéfique pour les performances sportives remonte à des siècles. Elle est fondée sur la croyance que la sexualité viderait l’énergie vitale des athlètes. Pourtant, cette hypothèse est largement remise en question de nos jours. En effet, certaines études et experts modernes, comme Gaëlle Étienne, sexologue intervenant auprès de sportifs, estiment qu’une vie sexuelle équilibrée est essentielle pour le bien-être psychologique des athlètes. Pire, priver quelqu’un de sexualité pourrait engendrer des défaillances mentales.

Margot Maurel, sexologue et ostéopathe, ajoute que les croyances selon lesquelles les femmes seraient moins enclines à une sexualité de décharge sont également erronées. Si les femmes sont souvent perçues comme stressées et moins disponibles pour des relations sexuelles, c’est en partie dû à une mauvaise connaissance de leur fonctionnement.

Les bons et les mauvais côtés de l’activité sexuelle

Isaline Sager-Weider, une volleyeuse française, a partagé que le sexe peut parfois l’aider à bien s’endormir avant un match, à condition de ne pas abuser. Erika Lust rappelle que l’écoute de son propre corps est cruciale et que les athlètes doivent trouver ce qui fonctionne le mieux pour eux. Un bon équilibre sexuel peut même être bénéfique pour leurs performances.

Une question de maturité et de tempérament

Margot Maurel explique que les sportives doivent souvent tout planifier, notamment pour éviter des douleurs pouvant gêner leur performance. Les troubles de la sexualité, comme l’éjaculation précoce ou les douleurs chroniques, peuvent affecter les objectifs des athlètes et créer des frustrations. Pauline Schillaci note également que la sexualité masculine est plus facilement validée socialement, ce qui n’est pas toujours le cas pour les femmes.

Sébastien Landry rappelle qu’une mauvaise gestion de l’image personnelle peut détériorer la concentration sur les performances sportives, citant l’exemple des photos de Laure Manaudou qui avaient fuité sur internet. Malgré ces risques, les athlètes continuent de valoriser leur corps pour à la fois leur métier et leur plaisir personnel, comme le souligne Pauline Schillaci.

L’importance mesurée du sexe dans la performance sportive

Selon la Fédération française de cardiologie, une activité sexuelle régulière est bénéfique pour le cœur et peut améliorer le sommeil et réduire l’anxiété. Ces effets sont cruciaux pour les athlètes. Gaëlle Étienne explique que le sexe peut servir de moment de détente et de libération après une compétition, sans chercher à tout prix la performance.

Sexualité : une dimension humaine essentielle

Gaëlle Étienne conclut en rappelant que les sportifs sont avant tout des êtres humains avec des besoins et des désirs normaux. Margot Maurel ajoute que la normalisation de la sexualité, sans exagération, est essentielle pour éviter de créer des tabous inutiles. Enfin, Pauline Schillaci mentionne que les athlètes féminines sont de plus en plus nombreuses à inclure des jouets sexuels dans leurs valises pour gérer efficacement leurs besoins tout en évitant les risques liés aux rapports sexuels traditionnels.

Sexualité et sport : une alliance bénéfique mais équilibrée

La pratique sportive intense peut stimuler la libido, mais un entraînement excessif peut aussi la nuire. Gaëlle Étienne et Sébastien Landry s’accordent pour dire qu’un équilibre est nécessaire. En fin de compte, la clé du succès réside dans une approche mesurée et respectueuse des besoins individuels, permettant ainsi une coexistence saine et productive entre sexualité et carrière sportive.