Entretien avec Hélène Noesmoen : Préserver l’océan, notre terrain de jeu

Athlète engagée. À 31 ans, Hélène Noesmoen se prépare avec détermination pour les Jeux Olympiques de 2024. Médaillée d’or aux mondiaux 2021, triple championne d’Europe, la membre de l’équipe de France de voile olympique se donne tous les moyens pour remporter l’or à Paris. Sur son IQFoil, la Vendéenne tente surtout de concilier la rigueur du haut niveau avec l’engagement écologique.

Un parcours ancré dans la passion de l’océan

« L’océan est essentiel à la vie. » Originaire des Sables-d’Olonne, Hélène Noesmoen a toujours été proche de la mer. Elle a découvert la planche à voile grâce à son père, et depuis, elle observe avec désarroi la dégradation de cet environnement précieux. « Ce que nous voyons le plus, ce sont les déchets dans l’eau » explique-t-elle, regrettant particulièrement la situation à Marseille où, dès que les averses arrivent, les détritus de la ville se déversent dans l’océan. « Il y a une idée fausse que cela vient de loin, mais non, les ordures vont directement des rues à la mer. »

La championne exprime son frustration face à l’impact de cette pollution sur son entraînement. « Sportivement, il y a des jours où nous ne pouvons pas nous entraîner correctement, car il y a trop de risques de tomber ou d’endommager notre matériel à cause de toute cette pollution dans l’eau. C’est vraiment désolant de voir une telle situation. »

Protéger l’eau, une ressource précieuse

Hélène Noesmoen a décidé de s’engager en devenant ambassadrice de l’association WaterFamily. « L’eau est trop rare, il faut la préserver. L’organisation sensibilise les jeunes sur le cycle de l’eau, depuis sa chute sous forme de flocon dans les montagnes jusqu’à son arrivée dans l’océan, et explique comment on peut la protéger. » Cette association porte un slogan qui leur correspond parfaitement, « du flocon à la vague », et met également en lumière le concept de « l’eau invisible », celle utilisée dans la fabrication des vêtements ou la production alimentaire. « Cela doit nous faire réfléchir sur notre mode de consommation. Ce sont des causes qui me touchent particulièrement car l’océan est mon terrain de jeu et il est crucial de le préserver. »

Prêcher par l’exemple

Il est hors de question pour Hélène Noesmoen de rester inactive face à la détérioration de son environnement préféré. Elle réfléchit constamment à minimiser son empreinte carbone. Selon elle, « il serait impossible de sensibiliser les gens sans faire soi-même attention. » Cela implique de privilégier les produits locaux et de saison, d’acheter d’occasion lorsque c’est possible, et d’utiliser des combinaisons faites de matériaux plus écologiques.

L’année dernière, de nombreux internautes ont été outrés par la grande empreinte carbone de certains footballeurs. Le site memoirevive.org, qui enquête et rend visible les injustices sociales et écologiques grâce à des données satellites, avait suivi les trajets en jet privé de Lionel Messi entre juin et août 2022. Ces déplacements avaient généré 1 502 tonnes de CO2, l’équivalent de la quantité que produit un Français moyen en 150 ans.

Même si les athlètes doivent souvent voyager à l’international pour des championnats du monde, Hélène Noesmoen essaie de limiter ses déplacements en avion autant que possible. « J’habite à Brest et je m’entraîne beaucoup à Marseille. Même s’il y a des vols directs disponibles, je fais l’effort de prendre le train à chaque fois, même si cela prend plus de temps. L’impact en termes de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre est bien moindre » souligne-t-elle.

Conquérir l’or olympique

Cette année, Hélène Noesmoen se prépare pour les Jeux Olympiques, où elle représentera la France en IQFoil. Championne du monde en 2021, elle aura l’avantage de compétitionner à domicile à Marseille, un plan d’eau qu’elle connaît bien. « Ma force réside dans ma capacité d’adaptation. Avec ce plan d’eau complexe… qui sait si cela ne me donnera pas un avantage », estime-t-elle. Hélène fixe clairement ses objectifs : « je veux décrocher la médaille d’or. Mais dans la voile, les niveaux sont très serrés : n’importe qui dans le top 20 peut gagner. Tout est possible. »

L’IQFoil remplace le RS:X

Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, l’IQFoil remplacera le RS:X pour les compétitions de planche à voile. « Le RS:X est une planche à voile classique qui flottait sur l’eau. Avec l’IQFoil, nous prenons de la hauteur » décrit Hélène Noesmoen, championne du monde 2021 de la discipline. Grâce à l’utilisation de l’hydrofoil, un dispositif attaché sous la planche, « nous nous retrouvons complètement au-dessus de l’eau. Cette partie de la planche fait environ un mètre de haut et constitue notre marge de manœuvre. Si le foil sort de l’eau, nous perdons totalement notre appui et tombons », continue-t-elle. Cette technologie rend la discipline encore plus spectaculaire et permet aux athlètes de gagner en vitesse. « Tout se passe à grande vitesse. Cela demande énormément d’attention, de concentration et encore plus de réflexes » conclut Hélène.