Depuis quelques années, la cryothérapie connaît un véritable engouement. En particulier dans le milieu sportif, où l’utilisation du froid est multiple. Elle est même considérée comme une discipline sportive à part entière. Venez découvrir cet univers glacial où le maillot de bain prend des airs givrés !
Une introduction au froid médical
Ce ne sont pas les sportifs eux-mêmes qui ont commencé à employer le froid, mais leurs médecins. Ils ont recours à cette méthode en raison de ses bienfaits analgésiques. En ralentissant la conduction nerveuse, le froid traite l’inflammation des muscles et des œdèmes tout en stimulant la circulation sanguine, favorisant ainsi l’oxygénation musculaire.
La cryothérapie est utilisée pour de nombreuses pathologies, de la rhumatologie à la traumatologie aiguë. En kinésithérapie, des dispositifs soufflant de l’air à -30°C sont employés pour cibler des zones douloureuses spécifiques. Les produits de compression à air froid enveloppent les membres blessés, comme la cheville ou le genou. Après une blessure sportive, la cryothérapie s’impose naturellement en tant que traitement contre les inflammations, hématomes, contractures musculaires, et déchirures.
Une technologie moderne : la cryothérapie corps entier
Une méthode plus intégrale est le traitement par cryothérapie du corps entier (CCE). Cette technique non médicamenteuse implique de se placer dans une cabine remplie d’azote liquide. Pour être effective, la température du corps doit chuter rapidement, avec une exposition à environ -140°C. Des gants, des chaussettes et un maillot de bain sont les seuls équipements autorisés pour braver ce choc thermique.
CRYO ADVANCE : un centre de cryothérapie pionnier
Avec son mari, Alizée Bonnefond a fondé l’un des plus grands centres de cryothérapie de France à Annecy. Après des difficultés médicales pour traiter son entésopathie, elle a découvert les bienfaits de cette thérapie en se rendant à Aix-en-Provence. Cette expérience lui a donné l’idée de lancer Cryo Advance en 2016. Aujourd’hui, son centre collabore largement avec des médecins et des kinésithérapeutes pour gérer les douleurs de leurs patients.
« Beaucoup restent bloqués dans un schéma douleur/médication. La cryothérapie, elle, offre une alternative en induisant une réponse de stress positif. Cela déclenche une réaction physiologique pour combattre l’hypothermie, résultant en une importante sécrétion d’hormones. » explique Alizée. Elle note aussi son usage au Tour de France pour aider les cyclistes à réduire leur adrénaline entre les étapes et dormir plus facilement.
Quand faut-il utiliser du froid lors d’une blessure sportive ?
Lors d’une formation de PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1), on apprend que le froid et le chaud ne sont pas interchangeables selon les situations!
On applique du froid juste après une blessure pour contrôler l’inflammation. Cela inclut les tendinites, claquages, entorses, etc. Chez soi, vous pouvez utiliser un sac de glace, une bombe de froid, un torchon avec des glaçons ou même un sac de légumes congelés!
En revanche, pour des douleurs comme le torticolis, les lombalgies ou les sciatiques, le chaud sera souvent préférable.
Le froid sportif : l’eau peut aussi être gelée !
En montagne et dans les régions plus froides, certains ont introduit les bains glacés dans leurs routines sportives. Cette pratique encore méconnue, le ice swimming, attire de plus en plus de curieux. Bien qu’extrême, elle est régulée par la Fédération française de natation et l’International Ice Swimming Association. Peut-être la verrons-nous un jour aux Jeux Olympiques d’hiver à Milan !
Conseils pour une baignade en eau glacée
- Ne jamais pratiquer seul
- Descendre progressivement en température
- Choisir un endroit facilement accessible pour sortir de l’eau rapidement
- Ne pas prendre de douche chaude après le bain, mais plutôt boire du thé pour réchauffer le corps de l’intérieur
- Prendre en compte les contre-indications médicales (insuffisance circulatoire, hypertension, grossesse, etc.)
Le corps en conditions extrêmes
Mettre son corps à l’épreuve avec Dr. Alexandre Fuzeau, alias Docteur Ice
- Nager dans des eaux glacées n’est pas anodin. Dr. Fuzeau, médecin généraliste et recordman de France du 1,000 m en eau à 0°C, explique : « Nager dans ces conditions demande des efforts physiques extrêmes combinés à un froid intense, ce qui va contre la logique sportive commune. »
- Ces dix minutes de nage sont comparables à un semi-marathon en termes d’intensité mentale et physique. Dr. Fuzeau s’intéresse aux bienfaits de cette pratique pour les communiquer plus largement.
- Réactions du corps au froid
« Le froid contraint le corps à réagir alors que le chaud le relaxe sans le stimuler. Cela peut être épuisant, mais le froid est une forme de dopage naturel. Cependant, il ne faut pas en abuser au risque de s’épuiser. ». De plus, des hormones comme l’endorphine et l’adrénaline sont mobilisées, entraînant une sensation d’euphorie.
- Renforcement du système immunitaire
Des études montrent que cette pratique augmente de 40 % la production de globules blancs chez les personnes entraînées, les rendant plus résistantes aux infections. Dr. Fuzeau observe également que ses nageurs tombent rarement malades en hiver. « Le froid semble stimuler toutes les capacités corporelles de défense ! »
- Différents niveaux de tolérance au froid
Dans nos sociétés, surtout en France, on tente de maintenir une température constante et confortable, ce qui affaiblit notre capacité à tolérer le froid. Les Britanniques, par exemple, y sont moins sensibles grâce à leur exposition régulière. « Si notre corps est souvent confronté au froid, il réagira activement. Si nous vivons constamment dans le confort, notre corps s’endort physiquement et psychiquement. ». Réveillez-vous!
Cependant, il y a aussi un facteur génétique. Dr Ice souligne que les femmes sont désavantagées en raison de leur répartition des graisses et des œstrogènes. Un bon nageur de glace devrait avoir environ 20 % de masse grasse pour maintenir la chaleur.
- L’importance du mental
Dans les sports extrêmes, 50 % du succès est mental, souligne le docteur. « Si vous hésitez avant de plonger, vous ne terminerez pas les 1,000 m. ».
- Préparation progressive au froid
Commencez tôt, en octobre, avec des températures autour de 15°C. En compétition, la tenue se limite à un maillot de bain et un bonnet de bain.
« Plus on nage vite, moins on reste longtemps ! »
Au Club des Vikings de Rouen, nous rencontrons Valérie Giros, première femme à avoir parcouru le Ice Mile !
Valérie a été initiée à cette pratique il y a quatre ans par le Dr. Fuzeau en participant au premier championnat de France de nage en eau glacée à Vichy. Deux ans plus tard, elle s’attaque au mile (1.61 km) dans une eau à 5°C. « Autour de chez moi en Normandie, l’eau n’était pas plus froide, alors j’ai opté pour des distances plus longues. »
Valérie, qui passe toute l’année en tongs, adore la sensation du froid. « Traverser une pelouse humide le matin est l’un de mes petits plaisirs. » Pour se préparer, elle a installé un bac d’eau froide en bas de son immeuble où elle s’immerge parfois avec sa mère. « Certaines familles discutent autour d’un thé, nous c’est autour d’un bac d’eau froide ! ».
Valérie pense aussi à son fils, autiste asperger, lorsqu’elle repousse ses limites sportives.
Rencontre en haute montagne
Direction la Haute-Savoie, où Carrie Wilmot, professeur de natation, s’adonne à la pratique depuis plusieurs années au lac Bleu de Morillon.
- WOMEN SPORTS : DEPUIS QUAND NAGEZ-VOUS ?
CARRIE WILMOT : J’ai appris à nager enfant près de Birmingham. J’ai repris sérieusement à 30 ans après avoir rencontré mon mari. En Haute-Savoie, nous avons commencé à nager en extérieur toute l’année, même lorsque le lac était gelé.
- COMMENT AVEZ-VOUS DÉCIDÉ DE COMPÉTITIONNER EN EAU GLACÉE ?
Après la perte de mon père, nager dans l’eau froide avec un objectif m’a aidé. Nous avons créé un groupe WhatsApp, Samoëns Swim Clan, qui est passé de 5 à 80 membres! Aux championnats du monde 2023 à Samoëns, j’ai remporté plusieurs médailles.
- QUELLE EST VOTRE ASTUCE POUR TENIR DANS UNE EAU FROIDE ?
La régularité. Le corps doit s’habituer progressivement. Un programme de respiration peut aider, mais le mental est crucial. Chaque année, je me prépare même si c’est difficile car je sais ce qui m’attend. Je m’arrête lorsque j’ai des indications de mes doigts et orteils.
- QUELLE TENUE ADOPTEZ-VOUS ?
En entraînement, je porte deux bonnets de bain. En compétition, un seul bonnet est autorisé. Je porte des bouchons d’oreilles pour éviter la douleur due au froid.
Les dangers du ice swimming
- Docteur Ice: « Si vous nagez seul dans une eau à 3°C pendant 40 minutes et perdez la sensation dans vos bras, vous êtes en danger. »
- Valérie Giros: « Si vous restez trop longtemps immobile, vous risquez un malaise. »
- Guillaume Ulisse: « L’immobilité est un risque majeur d’hypothermie. »
- Florian Milesi: « Dès que vous vous sentez bien dans l’eau, c’est que vous partez en hypothermie. »
Quelles sensations ressent-on dans l’eau glacée ?
- Carrie Wilmot: « Des fourmillements, surtout dans les épaules. »
- Valérie Giros: « Le plus dur, c’est en sortant de l’eau. »
- Guillaume Ulisse: « Une sensation de brûlure semblable à celle d’une brûlure, ce qui donne envie de fuir. »
- Florian Milesi: « Je compare cela à une acupuncture naturelle. On doit mettre son cerveau en mode off. »
Les bienfaits du froid extrême
- Accélère la récupération et limite les courbatures
- Réduit la douleur et les spasmes musculaires
- Améliore la fonction respiratoire
- Augmente la tonicité de la peau
Activités froides : des Hautes-Alpes à la Savoie
Guillaume Ulisse et l’apprivoisement du froid
Moniteur d’escalade et de canyoning dans les Hautes-Alpes, Guillaume Ulisse propose également des sorties en eau froide pendant l’hiver.
Ses ateliers « Immersion Nordique » sont nés de son observation personnelle sur l’acceptation du froid. « J’ai remarqué une dégradation de ma tolérance au froid avec le temps, comme c’est le cas pour beaucoup d’adultes. Les enfants, eux, jouent des heures dans une eau à 20°C. J’ai donc décidé de réapprivoiser le froid. ».
Se renforcer grâce au froid
« Le confort nous affaiblit. Notre allié est l’inconfort. Tout ce qui n’est pas sollicité s’atrophie. Sortir de sa zone de confort permet de renforcer le mental. ». Guillaume parle d’apprivoiser le froid et de le transformer en une expérience méditative.
Les différentes formes du froid
Lors de ses ateliers, Guillaume utilise le froid sous toutes ses formes : liquide (eau), gazeux (air), et solide (neige), avec le supplément de l’ensoleillement et de l’altitude. De décembre à mars, ses sorties offrent une expérience complète dans ces environnements.
Combiner chaud et froid
Les activités commencent par une marche nordique de 40 minutes pour échauffer le corps, suivie de courtes sessions de respiration et d’exercices dynamiques avant de se jeter dans l’eau froide. «