Vincent Collet : « Il faut savoir s’arrêter »

Au cours d’un entretien approfondi avec L’Equipe, Vincent Collet a révélé qu’il avait envisagé, à un certain moment, de prolonger son rôle en tant que sélectionneur de l’équipe de France. Il se penche également sur cette phase de « deuil » qu’il traverse actuellement, admettant qu’il aurait pu la connaître bien plus tôt.

Quinze ans après avoir pris la direction de l’équipe masculine de basket française, Vincent Collet, âgé de 61 ans, quitte son poste pour devenir conseiller spécial auprès de la Direction Technique Nationale (DTN). L’ancien sélectionneur des Bleus, couronné de huit médailles dont une en or à l’Euro 2013, s’est confié longuement dans une interview parue dans le journal L’Équipe pour faire le point sur son parcours. Il admet d’ailleurs avoir envisagé de poursuivre sa mission.

« Est-ce que j’avais envie de partir ou est-ce qu’on m’a forcé la main ? C’est un mélange des deux. Après notre sortie de la compétition, j’ai sérieusement envisagé de continuer. Ma passion reste intacte et je suis toujours entraîneur dans l’âme. Ce qui m’attirait, c’était la nouvelle génération. Former, transmettre, cela a toujours été mon moteur. Mais j’ai écouté ce qu’on m’a dit, et les deux semaines qui ont suivi les Jeux ont changé ma perspective. On peut toujours repousser les choses, ce n’est pas une question de fatigue. Mais il faut savoir s’arrêter, et après tout ce que j’ai fait — même si nous aurions pu faire un peu mieux (sourire) — en France… C’est la plus belle de mes quatorze compétitions, devant l’Euro de 2013. Et le tournoi le plus relevé, avec le Canada, l’émergence de l’Allemagne championne du monde. Et puis les États-Unis… Face à l’équipe américaine de 2021, nous aurions gagné à Paris. »

Collet : « La chance que mes dirigeants me maintiennent leur confiance après les échecs »

Après avoir occupé si longtemps le même poste (tout en étant entraîneur à l’ASVEL, à Strasbourg et à Boulogne-Levallois), Vincent Collet a du mal à réaliser qu’il ne sera pas sur le banc des Bleus le 21 novembre à Chypre pour les qualifications à l’Euro 2025. « Ces derniers jours, il y a des moments où je vais bien et je me projette. Puis il y en a d’autres où je me dis : « Mince, c’est fini. » C’est pour ça que je parlais de choc et de deuil. Je me sens un peu comme lors de ma dernière rupture amoureuse. J’espère que ça ne durera pas aussi longtemps (il sourit). Il y a une sensation de vide parce que j’étais tellement investi. Il me faudra un peu de temps pour vraiment prendre conscience de ce que j’ai accompli. (Il rit.) Je suis encore entraîneur, je ne suis pas historien ! »

À l’instar d’un Didier Deschamps ou d’un Claude Onesta, la longévité de Vincent Collet sur le banc des Bleus est remarquable, et il ne se serait jamais imaginé rester aussi longtemps. « Impossible. Je suis arrivé sur la pointe des pieds et n’ai jamais oublié que tout pouvait s’arrêter après chaque compétition. Même l’année dernière (18e place au Mondial). J’ai eu la chance exceptionnelle que mes dirigeants me renouvellent leur confiance après les échecs, comme après Rio (élimination en quarts de finale des JO 2016). Ces échecs ont toujours servi de tremplin aux grandes réalisations par la suite. » Ces grandes réalisations, il va désormais les transmettre aux entraîneurs français via la DTN, mais Vincent Collet, qui restera toujours un coach dans l’âme, espère encore qu’ultérieurement une équipe NBA ou Euroligue pourrait faire appel à lui en tant qu’assistant.