Discorde autour des primes

Récemment, World Athletics a fait part de son plan visant à récompenser financièrement les vainqueurs des Jeux Olympiques à Paris en 2024, projet qui sera par la suite généralisé en 2028 pour inclure tous les athlètes médaillés dans les compétitions d’athlétisme. Cependant, cette initiative n’est pas partagée par un nombre considérable d’autres fédérations sportives, qui semblent avoir des avis divergents sur la question.

**Sebastian Coe bouscule les traditions**

La semaine dernière a été marquée par une annonce notable de la part de World Athletics, qui consiste à offrir des primes aux champions olympiques d’athlétisme durant les Jeux de Paris 2024. Chaque vainqueur d’une médaille d’or dans ce domaine se verra remettre 50 000 dollars (approximativement 46 500 euros), et il est prévu que cette récompense soit étendue à tous les médaillés lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Cette décision, inhabituelle au regard des traditions olympiques, a provoqué une série de réactions variées à plusieurs échelons.

David Lappartient, qui cumule les rôles de membre du Comité International Olympique (CIO), président de l’Union Cycliste Internationale (UCI), et de président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), a exprimé ses préoccupations lors d’une conférence de presse. Selon lui, ce changement marque une dérive des valeurs olympiques chères à Pierre de Coubertin, soulignant qu’à l’origine, les champions olympiques n’étaient pas récompensés financièrement.

**Des inquiétudes au sujet de l’unification des récompenses**

D’un autre côté, World Athletics défend sa position en arguant que la prime ne contrevient pas à l’idéal olympique de reconnaissance de l’effort et de la contribution des athlètes au succès global des Jeux. Cependant, l’Association des Fédérations Internationales des Sports Olympiques (ASOIF) et David Lappartient s’accordent sur un point critique : le manque de dialogue préalable à cette décision soulève des problèmes. L’ASOIF souligne que bien que chaque fédération internationale a sa propre autonomie, une décision affectant l’ensemble des sports olympiques devrait être discutée collectivement à l’avance. Elle a ajouté que cette récompense financière pourrait aller à l’encontre du principe de solidarité, promouvoir des valeurs divergentes entre les sports, et poser d’autres questions éthiques et pratiques importantes.

**Réactions mitigées au sein de la communauté athlétique**

L’initiative de World Athletics n’a pas manqué de susciter des opinions contrastées. David Lappartient a précisé que les fonds attribués par le CIO aux différentes fédérations visent avant tout le développement et la solidarité sportive, soulignant ainsi que ces primes bénéficieraient à une minorité d’athlètes. Au sein même de World Athletics, certains expriment leurs préoccupations ; en particulier, la commission des athlètes craint que cette incitation supplémentaire à la victoire n’encourage des comportements à risque, tels que les paris, la manipulation ou le dopage.

Karsten Warholm, médaillé d’or du 400m haies à Tokyo, a pour sa part accueilli favorablement l’initiative, y voyant un élément positif pour professionnaliser davantage l’athlétisme. Néanmoins, il semble que World Athletics se trouve quelque peu isolée dans cette démarche, les moyens financiers nécessaires à une telle politique n’étant pas à la portée de toutes les fédérations. La Fédération Internationale de Tennis (ITF) a notamment indiqué qu’elle envisagerait une telle mesure seulement après consultation de l’ASOIF et du CIO.