Dans un contexte riche et complexe, l’athlétisme tente de se réinventer après les Jeux Olympiques de Paris 2024, alors que ce sport historique est confronté à des enjeux majeurs de visibilité et d’attractivité.
Les défis post-olympiques de l’athlétisme
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été un succès incontestable sur le plan sportif, mais l’athlétisme se débat aujourd’hui avec des problèmes de notoriété et de médiatisation. Même si les performances de haut niveau continuent de se réaliser, les athlètes peinent à capter l’attention du public en dehors des compétitions. Noah Lyles, qui a décroché la médaille d’or sur 100 mètres aux JO de Tokyo, se désole d’une reconnaissance quasi inexistante dans la rue, malgré son statut de champion olympique. Cette situation affecte aussi des compétitions prestigieuses comme la Ligue de diamant, qui n’arrive pas à susciter l’intérêt des diffuseurs majeurs.
Visibilité en déclin pour la Ligue de diamant
Bien établie sur la scène internationale, la Ligue de diamant souffre d’une visibilité décroissante. En dépit d’un nouveau partenariat avec L’Équipe en France prévu pour 2025, les années récentes ont vu les amateurs de ce sport contraints de consulter YouTube pour suivre les événements, faute de diffusion télévisée nationale. Aux États-Unis, NBC, le diffuseur depuis 2017, a décidé de ne pas renouveler sa collaboration après les Jeux de 2024, laissant la Ligue de diamant à la chaîne FloTrack, accessible par abonnement onéreux. Gabby Thomas, titrée trois fois aux JO, a exprimé sa déception face à cette nouvelle, susceptible d’impacter négativement la visibilité de la compétition.
La proposition de Michael Johnson : le Grand Slam Track
Pour contrebalancer cette tendance négative, des initiatives alternatives émergent. Michael Johnson, quadruple médaillé d’or olympique, a annoncé le lancement en 2025 du Grand Slam Track, une série d’événements conçus pour rivaliser avec la Ligue de diamant. Ce circuit vise à regrouper les principaux athlètes du monde, en offrant des primes conséquentes pouvant atteindre 100 000 dollars pour les vainqueurs. Johnson a déclaré à la BBC que « voir les meilleurs s’affronter est ce qui rend notre sport passionnant ». Néanmoins, ce projet ne comprend pas certaines disciplines telles que les sauts et les lancers, jugées moins rentables, ce qui soulève des critiques parmi les fervents du « Track & Field ».
Des audiences en recul et des défis économiques
Malgré l’ambition entourant le Grand Slam Track, le projet peine à susciter l’enthousiasme. Aucun grand diffuseur n’a encore signé et des stades emblématiques, dont celui de Londres, ont décliné l’accueil de l’événement, le jugeant financièrement peu intéressant. Par ailleurs, des athlètes de renom comme Noah Lyles et Sha’Carri Richardson n’ont pas encore adhéré au projet. Lyles a conditionné sa participation à la présence d’une chaîne télévisée assurée. La Fédération internationale d’athlétisme admet que la baisse des audiences, surtout lors des concours, demeure une problématique à surmonter pour attirer un jeune public.
Une réponse de World Athletics : le format des Ultimate Championships
En réponse à ces difficultés, World Athletics a annoncé une nouvelle compétition pour 2026, appelée « Ultimate Championships ». Ce concept vise à révolutionner le format actuel avec 26 disciplines au lieu de 42, et concentre les événements sur trois soirées au lieu de neuf. Sebastian Coe, président de l’organisation, a promis un athlétisme inédit, mariant innovation et spectacle. Il a également proposé de modifier certaines règles, par exemple la suppression de la planche d’appel dans le saut en longueur pour réduire les temps morts causés par les sauts mordus. Cette transformation a toutefois engendré des résistances parmi les sportifs, révélant la difficulté de moderniser un sport aussi ancien.
Un futur incertain pour l’athlétisme
Alors que l’athlétisme tente de retrouver sa popularité perdue, les initiatives actuelles divisent. Entre compétitions en quête de diffuseurs, athlètes en quête de reconnaissance, et réformes controversées, l’avenir de ce sport phare des Jeux Olympiques demeure incertain. Noah Lyles résume ainsi la situation : « Dans l’ensemble, je ne suis pas certain que l’athlétisme soit réellement prêt à se transformer ». Bien que des solutions comme le Grand Slam Track ou les Ultimate Championships proposent de nouvelles voies, le renouveau réel semble encore loin sur une route parsemée d’obstacles.
En conclusion, l’athlétisme est à un tournant crucial. Reste à voir si les efforts pour reconquérir les fans et intéresser les médias suffiront à redresser la situation. L’avenir nous le dira, mais la discipline doit maintenant naviguer entre passé glorieux et innovations nécessaires.